Record raté, mais de peu. Même en maniant tous les conditionnels d’usage, le directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) Gilles Gateau affichait fin janvier un certain optimisme sur les embauches de 2021, bien parties pour surpasser les 281.300 de 2019 . Verdict rendu public ce lundi : 269.100 CDI ou CDD de plus d’un an. Un chiffre en très nette hausse par rapport à 2020 (+18 %), mais pas au point d’effacer totalement les stigmates de la crise du Covid.
« L’année 2021 a clairement été celle du rebond, plus fort qu’attendu si l’on se réfère aux intentions d’embauches manifestées par les entreprises il y a un an », se félicite Gilles Gateau.
A ces près de 270.000 embauches s’ajoutent un peu moins de 56.000 promotions internes à ce statut. Si l’on retire les 261.500 démissions, licenciements ou départs à la retraite, le nombre de postes de cadres créés ressort à 63.500 en 2021. Là encore le rebond sur un an est spectaculaire (+72 %), mais en deçà du millésime de 2019 avec ses 75.000 emplois supplémentaires.
Rebond à mi-année
L’ amélioration de l’emploi cadre a été manifeste à partir de juin dernier, portée par ses trois moteurs traditionnels que sont l’informatique (56.480, +20 % en un an), l’ingénierie-R & D (36.140, +11 %) et les activités juridiques, comptables et conseils (25.760, +31 %). Trois moteurs qui, pour autant, n’ont pas retrouvé leur régime de 2019.
D’autres secteurs, comme la banque-assurance ou la santé-action sociale par exemple, ont dépassé leur niveau d’avant la crise, tandis que certains restent encore à la traîne (hôtellerie, restauration loisirs ou communication notamment).
Cette dynamique a particulièrement profité aux jeunes, diplômés de la promotion 2020 ou ayant moins de cinq ans d’expérience.
Les bénéfices de l’apprentissage
« Dans un contexte de difficultés de recrutement, les entreprises ont dû s’adapter. Certaines ont choisi de recruter des cadres ayant moins d’expérience que prévu (40 %), une évolution qui a pu bénéficier aux jeunes diplômés », explique l’Apec qui met en avant les bénéfices de l’apprentissage sur les taux d’insertion professionnel.
Ces mêmes employeurs maintiennent en revanche des pratiques d’un autre âge. Côté salaire, le millésime 2021 s’est inscrit sous le sceau du rebond « modeste au regard du retour de l’inflation, et toujours aussi désespérément inégalitaire entre hommes et femmes cadres », pointe l’Association. Entre 54.000 euros pour les premiers contre 47.000 euros pour les secondes, l’écart du salaire annuel brut médian ne se réduit pas.
« Le nombre de plus en plus élevé de femmes cadres promues à des postes de responsabilité tire leur salaire moyen vers le haut. En revanche, l’écart avec les hommes se maintient à poste équivalent ou quand on regarde le pourcentage de femmes augmentées », pointe Gilles Gateau, qui regrette que la prime à la mobilité l’emporte sur les politiques de rattrapage, malgré tous les accords conclus dans ce but.