Lever à six heures pétantes, port de l’uniforme et marche au pas cadencé : dans un cadre d’inspiration militaire, plus de 1.500 jeunes âgés de 18 à 25 ans se plient à un règlement strict dans les 19 centres de l’Etablissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide) répartis sur le territoire. Depuis le 29 juin, l’activité y a pleinement repris et chacun retrouve une routine millimétrée, gestes barrières en plus.
L’an dernier, l’Epide avait permis à près de 3.000 volontaires éloignés du système scolaire de décrocher un emploi ou une formation qualifiante – soit 60 % de ses effectifs sur l’année – à l’issue d’un internat de huit mois en moyenne. Mais en 2020, l’accompagnement mis en place dans le cadre de ce dispositif vieux de quinze ans a été perturbé par la crise sanitaire : à l’annonce du confinement, tous les centres avaient dû fermer leurs portes.
Stages ont été reportés ou annulés
L’Epide se remet progressivement de cette pause forcée. « Même si un suivi régulier et personnalisé a été maintenu, l’interruption de l’internat a été compliquée à gérer », explique sa directrice générale, Florence Gérard-Chalet. Fraîchement nommée, l’ancienne directrice d’hôpital craignait une vague de démotivation à la suite du retour dans les foyers. « La majorité des jeunes se sont remis en route sans problème, mais une partie a perdu des acquis ou est retombée dans des pratiques addictives », déplore-t-elle. Et malgré les nombreuses relances des 1.100 agents, « quelques dizaines de volontaires » ne sont pas revenus.
Surtout, certains secteurs porteurs d’emplois et d’espoirs pour ces jeunes en difficulté ont été particulièrement éprouvés. Dans celui de l’hôtellerie-restauration, choisi en moyenne par un volontaire sur sept, tous les stages ont été reportés ou annulés. « C’est regrettable, car la découverte des métiers par l’immersion est primordiale si l’on veut leur permettre de se projeter », réagit Florence Gérard-Chalet.
« Parmi les plus vulnérables en temps de crise »
Ancrés dans le tissu économique territorial, les centres dépendent de leur relation avec un certain nombre d’acteurs locaux. En 2019, près de 40 % des volontaires en sortie positive avaient signé un contrat avec une entreprise partenaire. Désormais, l’Epide se donne pour mission d’identifier quelles sont celles qui continueront ou non à prendre des stagiaires. « Il fautfaire correspondre les projets [des internes] avec les secteurs où il y aura des possibilités et de l’emploi, dans la distribution par exemple », avance la directrice.
La tâche ne sera pas des moindres. Florence Gérard-Chalet le sait, « le public accueilli par les centres, souvent sans diplôme, issu de quartiers « difficiles » ou pris dans un tissu familial peu aidant, se trouve parmi les plus vulnérables en temps de crise ». Elle compte entre autres sur le plan sur l’apprentissage annoncé par le gouvernement pour offrir de nouvelles opportunités d’insertion à ces jeunes volontaires et maintenir les bons résultats de l’Epide.