Cadres, professions intermédiaires, ouvriers, employés… la plupart des catégories socioprofessionnelles des ménages français ont vu leur patrimoine s’accroître entre 2004 et 2018, la seule exception étant ceux qui ne comptent qu’un seul actif employé ou ouvrier, constate l’Insee dans l’édition 2023 du « Portrait social ». Mais l’institut note aussi que certaines en ont profité plus que d’autres.
En quinze ans, alors que les inégalités de niveau de vie entre groupes socioprofessionnels se « sont légèrement resserrées », les écarts de patrimoine se sont au contraire accrus « au détriment des ménages uniquement composés d’une personne employée, ouvrière ou inactive », estime l’institut. Il l’explique par le fait que ces populations, au revenu plus faible, « ont moins souvent pu accéder à la propriété et ainsi profiter de la forte valorisation de l’immobilier dans la période ».
Poids important de l’immobilier chez les ouvriers
L’étude montre aussi que l’immobilier occupe une place particulièrement importante dans la richesse des ménages à dominante ouvrière : il représente en effet 90 % de leur capital, pour une moyenne tous ménages confondus à un peu moins de 75 %. Cela s’explique en particulier par le fait que « les ménages pluriactifs à dominante ouvrière ont pu profiter à plein des opportunités immobilières ouvertes par leur éloignement des centres urbains ».
Mais le fait d’habiter dans des zones rurales implique d’être véhiculé. Conséquence : la voiture occupe une place plus importante pour les ménages ouvriers que pour les autres dans leur patrimoine, ce qui renforce aussi l’exposition de ces populations à l’inflation.
L’importance de la voiture dans leur mode de vie a été déterminante dans l’émergence du mouvement des « gilets jaunes » , Elle continue d’expliquer l’extrême sensibilité de la France rurale à tout ce qui touche à la voiture individuelle, à commencer par le prix des carburants. S’y ajoute le poids parmi leurs dépenses contraintes des mensualités d’emprunt, du fait d’un « endettement privé proportionnellement plus élevé, en raison du coût de l’accession à la propriété pour ces ménages ».
Cela dit, si la France ouvrière – et rurale – est donc pour une bonne part une France de propriétaires, sa situation n’a rien de comparable avec le patrimoine accumulé par les ménages cadres, en particulier ceux dont les deux conjoints appartiennent à cette catégorie.
Les ménages cadres les mieux dotés
« Reflétant notamment l’accumulation tout au long de la vie, les patrimoines se différencient encore plus nettement que les niveaux de vie », souligne l’Insee qui pointe des écarts massifs, les cadres étant les mieux dotés. En 2018, le patrimoine net médian d’un couple de cadres dépassait les 450.000 euros, « près de 100 fois supérieur à celui des ménages inactifs », égal à 4.800 euros. Ce patrimoine net médian atteignait même près de 600.000 euros pour près de 40 % des ménages cadres.
L’Insee pointe par ailleurs le poids relativement important du patrimoine des ménages composés de « petits indépendants » : leur patrimoine médian « vaut près de 2,9 fois celui de l’ensemble des ménages, alors que leur niveau de vie équivaut à seulement 1,2 fois le niveau de vie médian ».