Inflation, explosion du coût de l’énergie, activité en baisse… Les entrepreneurs sont inquiets face à ces trois tendances. C’est ce qui ressort de la dernière enquête de conjoncture de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), dévoilée par le JDD, mais qui a été réalisée avant les dernières annonces d’aides gouvernementales. «Ces problèmes étaient déjà présents dans notre enquête de juillet mais ils se sont aggravés», alerte François Asselin, président de la CPME, dans l’hebdomadaire.
À tel point que près d’un dirigeant de TPE/PME sur dix envisage un arrêt de ses activités à cause de la hausse du prix de l’énergie. Sur les 2428 dirigeants d’entreprises membres de la CMPE, la Confédération des PME, que celle-ci a interrogés du 6 au 25 octobre par internet, ils étaient exactement 9% à envisager cette possibilité.
Effectivement, pour 21% des chefs d’entreprise interrogés, le coût de l’énergie est passé de 3% à 41% de leur chiffre d’affaires entre 2021 et 2022. Un chiffre qui devrait monter jusqu’à 60% en 2023. Une explosion des factures énergétiques qui devrait impacter négativement les résultats de leur entreprise, en 2022, pour près d’un dirigeant sur deux (45%). Lors du renouvellement de leur contrat, près de 9 chefs d’entreprise sur 10 ont le sentiment de ne pas pouvoir réellement négocier les tarifs avec leur fournisseur d’énergie. Une négociation qui doit être réalisée pour 18% d’entre eux d’ici la fin de l’année et en 2023 pour 41%.
Mais face à l’explosion des factures et à la multiplication d’appels à l’aide d’entrepreneurs ne parvenant plus à les payer, le gouvernement s’est résolu à élargir ses dispositifs de soutien à travers un plan d’aide aux entreprises de 12 milliards d’euros. Un «amortisseur» sur les prix de l’électricité va notamment être mis en place : l’exécutif va prendre en charge une partie de la facture des TPE qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire.
Un deuxième dispositif, déjà existant mais simplifié, permettra d’ici à fin novembre aux entreprises dont les factures d’énergies (principalement gaz pour les petites entreprises) ont augmenté d’au moins 50% dès 2022 d’obtenir une aide, avec la possibilité de demander un acompte.
Des coûts de revient en hausse de 10% pour la moitié des dirigeants
Mais la hausse des factures d’électricité n’est pas la seule difficulté rencontrée par les dirigeants. 9 chefs d’entreprise sur 10 doivent faire face à la hausse générale des prix de leurs fournisseurs.
«Baisse des volumes, allongement des délais de livraison et augmentation des coûts… Pour les fournisseurs, les PME sont une clientèle captive», a déclaré François Asselin, président de la CPME. Plus d’1 patron sur 2 rencontre des difficultés pour s’approvisionner en biens intermédiaires ou en matières premières. Première cause de cette situation, le coût, pour 87% des sondés. Viennent ensuite le suivi des délais de livraison (71%) et les quantités disponibles (69%). En conséquence, plus de la moitié des dirigeants déplore des coûts de revient en augmentation de 10%. Un tiers d’entre eux affirment ne pas reporter cette hausse sur leurs prix de vente.
Malgré ces difficultés, les entrepreneurs s’accrochent. « Ce n’est pas la catastrophe et on ne voit pas un décrochage massif et immédiat », admet la CPME dans Le Journal du Dimanche. 32% des chefs d’entreprise anticipent une amélioration de la situation de leur entreprise. Un chiffre tout de même en recul de 10% par rapport au premier semestre 2022.
En outre, les dirigeants cherchent plus auprès de leurs banques des solutions de financement pour leurs investissements que de trésorerie (31% contre 24%). Un signal positif, soutenu par les banques, puisque les demandes de financement obtiennent plus souvent une réponse favorable que celles pour un soutien en trésorerie (71% contre 50%).
Une trésorerie qui a été épargnée pour certains grâce aux prêts garantis par l’État consentis au moment de la crise sanitaire. Mais vient à présent le temps délicat du remboursement. D’après l’enquête de la CPME, 87% des chefs d’entreprise qui y ont eu recours estiment pouvoir honorer leurs échéances. Un chiffre qui monte jusqu’à 99% si les échéances pouvaient être étalées sur quatre années supplémentaires. Mais pour cela, Bruxelles devrait alors donner son feu vert à un dispositif qui consiste en une aide d’État.