Cinq milliards par an, tous les ans : voici la facture de la crise du coronavirus pour le système de retraite. Dans une « note d’étape au Premier ministre » datée du 15 octobre, que « Les Echos » ont pu lire, le conseil d’orientation des retraites (COR) recalcule la trajectoire financière du système de retraite au cours des prochaines années.
A la demande du gouvernement, il démêle également le déficit structurel des effets d’une conjoncture dégradée, qui devraient se résorber d’ici à 2024. Une mise au point que réclamaient les partenaires sociaux, alors que l’exécutif doit décider s’il convient ou non de redresser les comptes avec des mesures d’économie d’ici la fin du quinquennat.
La crise sanitaire et économique a fait chuter de 5,4 % les recettes 2020, à cause de l’effondrement de 8,4 % de la masse salariale du secteur privé, chômage partiel et reports de charge aidant. Cela explique en grande partie le creusement du déficit, attendu à 25,4 milliards d’euros cette année (3,8 milliards de moins que la prévision de juin). Cette chute a été amortie par le maintien du traitement des fonctionnaires et donc de leurs cotisations. Elle est donc moins aiguë que la dégringolade de 10 % du PIB.
Avec la reprise de la croissance, les recettes vont progressivement retrouver leur niveau antérieur en part de PIB. La croissance devrait elle-même retrouver le chemin prévu avant la crise à partir de 2024… mais avec des volumes déprimés de 2,5 % par rapport à la trajectoire précédente, et cela de façon durable.
Des dépenses en hausse modérée
En revanche, les dépenses de retraite n’ont quasiment pas varié du fait de la crise, poursuivant leur ascension régulière au fil des ans, sous l’effet du vieillissement et de l’amélioration des carrières. Les pensions ont été versées sans coup férir. Le nombre de retraités a diminué de 0,1 % du fait de la surmortalité liée au coronavirus, ce qui n’a quasiment pas entraîné d’économies pour le système de retraite.
Dans les années à venir, les pensions rebondiront moins vite que le PIB, puisqu’elles sont indexées sur les prix. Ces dépenses retrouveraient la place qu’elles auraient dû avoir en part de PIB à la fin des années 2010.
Contraction des recettes, hausse modérée des dépenses : « La crise provoquerait ainsi un besoin de financement supplémentaire de l’ordre de 1 point de PIB en 2020 (soit environ 21 milliards d’euros 2019) puis de 0,2 point les années suivantes (soit un peu moins de 5 milliards d’euros 2019) », écrit le COR. Pour rappel, le besoin de financement en 2019 s’élevait à 1,9 milliard, soit 0,1 point de PIB.
Solde négatif de 13,3 milliards en 2024
En fin de compte, en 2024, il manquerait à l’appel plus de 0,5 point de PIB pour financer les retraites, soit 13,3 milliards d’euros. Il y a un an, le COR prévoyait un trou d’un peu moins de 10 milliards d’euros à cet horizon, en suivant la même convention comptable.
En détail, le régime général aurait un besoin de financement persistant de 8,5 milliards d’euros côté CNAV (assurance-vieillesse), et 1,9 milliard côté Agirc-Arrco. Celui de la fonction publique territoriale et hospitalière se creuserait à 2,7 milliards d’euros. Le fonds de solidarité vieillesse serait proche de l’équilibre, à 700 millions d’euros de déficit.