Face au ralentissement de l’activité, les patrons moins enclins à recruter

Le moral des chefs d'entreprise s'est encore un peu dégradé en novembre, a indiqué l'Insee. Le net refroidissement du marché du travail se confirme.


Interieur hangar stockage de boites boissons. Production boite boisson en aluminium, canettes.

Le ralentissement économique commence à peser sérieusement sur le moral des chefs d’entreprise français. Pour le deuxième mois consécutif, le climat des affaires – l’indicateur de l’Insee qui synthétise la confiance des patrons – est tombé sous sa moyenne de longue période (100) passant de 98 en octobre à 97 en novembre.

Sur le plan sectoriel, la détérioration concerne essentiellement le commerce de détail qui perd 2 points tandis que le commerce de gros lâche 4 points. Le bâtiment cède lui aussi 1 point. Le climat dans l’industrie et les services se stabilise en revanche.

Signes de retournement

« L’activité est en train de se tasser en France ainsi que dans la zone euro. A ce jour, personne n’anticipe d’effondrement mais nous ne savons pas à quel niveau la situation va se stabiliser », reconnaît Alexandre Saubot, président de France Industrie.

Les économistes – ceux de la Banque de France par exemple – tablent pour la fin de l’année sur une croissance légèrement positive. D’autres sont plus pessimistes et prévoient une stagnation de l’activité. C’est le cas des experts de BNP Paribas, mais aussi de Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. « La dégradation du climat des affaires est un signe supplémentaire de la détérioration des perspectives pour les prochains mois », estime-t-elle.

Situation de trésorerie « dégradée »

Ces dernières semaines, les signes de retournement de la conjoncture se multiplient. Dans son enquête de conjoncture mensuelle publiée début novembre, la Banque de France relevait ainsi que « les carnets de commandes poursuivent leur érosion dans l’industrie et enregistrent un nouveau repli à un bas niveau dans le gros oeuvre du bâtiment », pointant aussi une situation de trésorerie « dégradée » tant dans l’industrie que dans les services.

Les données publiées cette semaine par l’Urssaf confirment d’ailleurs une nette remontée des procédures collectives. « Sur un an, les redressements et les liquidations judiciaires progressent respectivement de 48,4 % et de 35,6 %. Leur niveau dépasse désormais celui observé fin 2019 avant la crise sanitaire  », indique l’organisme, qui note que « les effectifs salariés concernés sont eux aussi plus nombreux qu’avant le Covid ».

« Une vraie rupture depuis août »

Sur le front de l’emploi, les nuages s’accumulent. « Il y a une vraie rupture depuis le mois d’août : les chefs d’entreprise ont une vision nettement moins positive du marché du travail », constate Philippe Waechter, économiste chez Ostrum Asset Management. «Si cette tendance se confirme, cela pourrait rééquilibrer le rapport de force entre salariés et employeurs pour les prochaines négociations salariales», prévient-il.

Au troisième trimestre, le taux de chômage est déjà remonté de 7,2 % à 7,4 % de la population active. Le climat de l’emploi publié par l’Insee confirme le net refroidissement du marché du travail. Mal orienté, il lâche 2 points pour le deuxième mois consécutif. A 101, il se rapproche désormais de sa moyenne de long terme.

Selon l’Insee, « cette baisse résulte en grande partie de la diminution du solde d’opinion concernant l’évolution à venir des effectifs dans les services hors intérim ». Avec des mises en chantier au plus bas, les perspectives d’embauches dans le bâtiment s’assombrissent. Beaucoup d’économistes s’attendent désormais à ce que la France renoue avec les destructions de postes, à la différence du gouvernement qui table sur une nouvelle progression de l’emploi l’an prochain.


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