En décidant de ne pas faire un second mandat , le numéro un de FO pourrait ouvrir une nouvelle période d’incertitude pour la troisième centrale syndicale française. Lors du XXVe Congrès de Force ouvrière, qui s’ouvre dans un peu plus de deux mois, l’organisation va devoir désigner un successeur sans que la transition n’ait été préparée de longue date.
Jusqu’à ce jeudi après-midi, deux noms circulaient, ceux de Frédéric Souillot, membre du bureau confédéral, et de Christian Grolier. Mais aucun des deux pressentis ne confirmait officiellement. Ce dernier, secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires, vient de se dévoiler. Il a adressé un mail dont « Les Echos » ont eu copie à tous les numéros un des fédérations et des unions départementales qui composent le Comité confédéral national (CCN), sorte de parlement de la centrale.
Seconde fois
« Fort de mon expérience et de ma connaissance des dossiers, des médias et des pouvoirs publics, et fort des voix que beaucoup d’entre vous avaient déjà portées sur ma candidature en 2018, je me remets à nouveau à la disposition de notre organisation dans le cadre du renouvellement du mandat de secrétaire général de la Confédération générale du travail Force ouvrière », écrit le syndicaliste. La formule tient au fait que formellement, personne ne peut faire acte de candidature puisque les statuts de Force ouvrière prévoient que celle-ci doit être présentée par une structure professionnelle ou territoriale du syndicat.
C’est effectivement la seconde fois que Christian Grolier brigue le poste de leader de FO. Il y a trois ans et demi, c’est Yves Veyrier qu’avait choisi le CCN alors que l’organisation était secouée par une grave crise. Son prédécesseur, Pascal Pavageau, désigné seulement quelques mois avant en congrès, avait dû démissionner à la suite de la révélation de la tenue par son équipe d’un fichier diffamatoire envers nombre de dirigeants du syndicat.
Changement de contexte
Yves Veyrier avait été élu face à deux autres candidats : Patrice Clos, soutenu par les anarchistes, et Christian Grolier. A l’époque, ce dernier avait échoué d’un cheveu, du fait de la défection de dernière minute de la Fédération de l’action sociale. Et la partie s’annonce plus compliquée pour lui cette fois-ci.
En 2018, le syndicaliste de la fonction publique avait en effet avec lui les trotskistes lambertistes du POI (le Parti ouvrier indépendant, tenu par son courant communiste internationaliste). Or ils abordent la succession d’Yves Veyrier divisés.
Selon nos informations, Frédéric Souillot serait soutenu non seulement par les réformistes du syndicat, en commençant par sa propre fédération, celle de la métallurgie, mais aussi par une partie du POI, emmenée par deux de ses dirigeants qui siègent à la commission exécutive de Force ouvrière (sa direction élargie) : Hubert Raguin, ancien numéro un de la Fédération de l’enseignement, ainsi que Gabriel Gaudy, de l’Union départementale de Paris. Christian Grolier aurait lui le soutien de Patrick Hébert, l’ancien secrétaire général de l’Union départementale de Loire-Atlantique.