Hausse des prix du carburant : ces stations-service qui préfèrent fermer

En Ardèche et en Haute-Loire, deux détaillants disent ne plus pouvoir proposer de tels prix à leur clientèle.


A photograph taken on March 8, 2022 shows prices of petrol and diesel fuel continuing to rise at Shell petrol station, in Manchester. - Energy giant Shell said on March 8, 2022 it would withdraw from its involvement in Russian gas and oil, including an immediate stop to purchases of crude from the country. The company also said it would shut its service stations, aviation fuels and lubricants operations in Russia. (Photo by Oli SCARFF / AFP)

«J’ai eu honte d’afficher des prix pareils». Stéphane Sabadel, gérant d’une concession automobile à Vivier, dans l’Ardèche, a décidé de suspendre ses activités liées au carburant de sa station – service Elan depuis lundi. Comme lui, ils sont des centaines à devoir faire face à cette crise sans précédent qui touche revendeurs et consommateurs du monde entier. Pour un détaillant, la vente de carburant a toujours été davantage un service qu’une activité lucrative. Mais là, «vendre du gasoil à 2,40€ le litrece n’est plus raisonnable», déplore Stéphane Sabadel.

« Des gens me traitent de voleur tous les jours en voyant les prix que je propose »

Olivier Thomas, gérant d’une concession automobile en Haute-Loire.

C’est un coup de colère qu’il aimerait propager chez tous les détaillants de France. Olivier Thomas, propriétaire d’une concession automobile à Saint-Paulien en Haute-Loire, a lui aussi pris la décision de suspendre la distribution de carburants qu’il assure également sous la bannière Elan. «Nous ne cautionnons pas le vol ! Plus de stocks pour le moment», peut-on lire sur les pompes de sa station essence. Lui qui déplorait déjà réaliser de très faibles marges avant cette crise, doit aujourd’hui composer avec des prix records. «Des gens me traitent de voleur tous les jours en voyant les prix que je propose. Je ne peux plus vendre à ce prix-là».

En commandant 15.000 litres au prix actuel, celui-ci pourrait se retrouver déficitaire en cas d’une nette chute du gasoil d’une semaine à l’autre. Suspendre son activité, c’est éviter de perdre de l’argent. Encore plus en ces temps de crise, le gérant constate plusieurs «vols de plein» chaque semaine. «Un vol d’un plein de 70€ me fait perdre ma commission de la semaine, voire plus», explique-t-il.

Quant à Stéphane Sabadel, son comptable lui rappelle tous les ans qu’il doit arrêter le carburant. Mais dans les campagnes profondes, ces détaillants rendent service à ces populations locales qui leur sont fidèles. Pompiers, entreprises, agriculteurs, ils sont nombreux à venir se fournir chez eux. «J’ai fermé quand le prix du gasoil est passé de 1,86€ à 2,34€. Ce sont des prix inaccessibles pour mes clients», souligne le gérant Ardéchois.

Les deux gérants espèrent faire «bouger les choses» par leur action. Olivier Thomas dit avoir reçu une dizaine d’appels de stations-service du sud-est pour lui communiquer leur soutien et leur volonté de le suivre dans cette démarche. «On rouvrira quand le prix du gasoil repassera sous les 2€», clame de son côté Stéphane Sabadel. Pour l’heure, ils préparent une lettre ouverte à tous les distributeurs Elan pour les appeler à ne plus distribuer, et surtout ne plus commander de carburant tant que les prix ne baissent pas. «Si demain tout le réseau Elan dit ‘maintenant, ça suffit’, je me demande si le gouvernement ne trouverait pas une solution», se questionne le gérant Ardéchois.


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