Le gouvernement veut dessiner l’après-Covid et ferme la page du « quoiqu’il en coûte » , pour se tourner vers « la relance et l’investissement ». Dans son projet de loi de finances (PLF) pour 2022 , présenté en Conseil des ministres mercredi, Bercy table sur une croissance forte pour financer une hausse des dépenses, tout en commençant à réduire le déficit public.
Ce projet, le dernier du quinquennat Macron , a reçu un accueil mitigé du Haut Conseil des finances publiques. Des « mesures d’ampleur » n’ayant pas été intégrées au document transmis à l’instance indépendante – le plan d’investissement et le revenu d’engagement pour les jeunes -, le HCFP s’estime incapable de rendre un avis « pleinement éclairé ». Voici 10 chiffres qui illustrent ce budget pour 2022.
1. Une croissance économique de 4 %
Après un fort rebond en 2021, avec une croissance de 6 % selon l’Insee , « particulièrement marquée pour l’investissement et l’emploi », Bercy reste optimiste pour 2022. Le gouvernement table sur une croissance de 4 %. Celle-ci profiterait en particulier de la progression marquée de la consommation, contrainte en 2021 par les mesures sanitaires.
2. Un déficit public de 4,8 %
Le gouvernement se veut également optimiste sur l’amélioration de la situation des finances publiques, après deux années marquées par le financement de la réponse à la crise sanitaire. En 2022, le déficit public diminuerait nettement, à 4,8 % du produit intérieur brut (PIB), après 8,4 % en 2021 et 9,1 % en 2020.
3. Un taux d’endettement de 114 %
Conséquence de la diminution du déficit public, le ratio dette publique/PIB devrait lui aussi s’infléchir légèrement. Le gouvernement estime qu’il atteindra 116 % du PIB en 2021, puis 114 % en 2022. Ce retour progressif à la normale s’explique en particulier par la baisse du volume des dépenses publiques de 3,5 %, sous l’effet notamment de la sortie progressive des mesures d’urgence.
4. Une absorption symbolique de 6 % de la « dette Covid »
Comment rembourser la « dette Covid » ? Sans que cela n’ait de réelles implications économiques, Bercy a décidé d’affecter symboliquement tous les ans une partie des recettes au remboursement de la dette héritée de la crise sanitaire, censé être achevé en 2042. En 2022, cela représentera 1,9 milliard d’euros, à comparer avec les 165 milliards de dette Covid. La route est donc encore longue.
5. Le taux de prélèvements obligatoires stable à 43,5 %
Depuis le début du quinquennat, les prélèvements obligatoires annuels des Français auront diminué de 50 milliards d’euros, se félicite le gouvernement. Une baisse équitablement répartie entre les ménages et les entreprises .
En 2022, le taux de prélèvements obligatoires devrait s’établir, comme en 2021, à 43,5 % du PIB, soit le taux le plus faible depuis plus de dix ans, contre 45,1 % en 2017. A noter qu’en 2022, toutes les entreprises françaises verront leurs profits imposés au taux nominal de 25 % , contre 33,3 % en début de quinquennat.
6. Un budget « inédit » de 41 milliards pour la défense
La hausse de 1,7 milliard d’euros de la mission Défense portera la totalité du budget des armées à 40,9 milliards – un montant « inédit », selon le gouvernement. Dans le détail, 800 millions seront consacrés aux programmes d’armement et d’entretien des matériels, 600 millions viendront permettre l’acquisition de matériels « à hauteur d’homme », notamment de nouveaux treillis.
7. Le cap des 4 milliards franchi pour la culture
Alors que la fréquentation est au plus bas dans les grands établissements publics et que le spectacle vivant peine à repartir, le budget du ministère franchira le cap des 4 milliards d’euros en 2022, en hausse de 7,5 % par rapport à 2021. Les crédits de la création artistique s’élèveront ainsi au global à 909 millions, soit une hausse de 5,6 % et près de 100 millions de plus qu’en 2017.
8. Une hausse de 1,6 milliard pour l’éducation
Le gouvernement « continue son engagement en faveur de l’éducation », affirme le projet de loi de finances. La hausse des crédits pour l’éducation nationale s’élève ainsi à 1,6 milliard par rapport à la loi de finances de 2021. « C’est près de 6 milliards d’euros sur le quinquennat par rapport à l’exécution 2017 », soit une hausse de 12 %, se félicite le gouvernement. Pour le budget 2022, la mission interministérielle « Enseignement scolaire » est créditée de 55,2 milliards.
9. Seulement 200 millions pour le « plan d’urgence »
La mission « plan d’urgence » créée au début de la crise pour financer le soutien aux entreprises et aux ménages est prolongée, mais sera dotée seulement de 200 millions d’euros pour l’achat de masques. Au total de 2020 à 2022, 80 milliards ont été mobilisés dans ces mesures d’urgence (fonds de solidarité, chômage partiel, etc.).
10. Des rentrées fiscales de 311 milliards
L’Etat devrait engranger 300,8 milliards d’euros de recettes cette année, soit davantage qu’en 2020, quand l’arrêt de l’économie provoqué par le Covid-19 les avait fait chuter à 270 milliards.
La tendance devrait se poursuivre en 2022 : Bercy mise sur des rentrées fiscales de 311 milliards pour l’Etat, ce qui ferait de l’année prochaine le meilleur millésime du quinquennat. Les recettes d’impôt sur les sociétés et celles d’impôt sur le revenu devraient aussi battre des records, à, respectivement, environ 40 milliards et 82 milliards.