A l’instar de Paris, Lyon ou Mulhouse, Bordeaux va mettre à contribution les propriétaires cette année. Afin de « faire face au choc inflationniste », son maire écologiste, Pierre Hurmic, proposera en effet, lors du conseil municipal de début mars, d’ augmenter le taux de taxe foncière de 4,53 % en 2023.
Selon le rapport d’orientation budgétaire, la ville s’attend à voir ses dépenses augmenter de 30 millions d’euros en 2023, après avoir déjà subi une hausse de 20 millions en 2020, lors de la première année de la crise sanitaire. Principale cause de ce « choc », la spectaculaire hausse de la facture énergétique qui a ainsi quasiment triplé, passant à près de 18 millions d’euros, à laquelle il faut y ajouter la hausse du point d’indice et l’inflation générale.
Economies d’énergie
« Nous avons déjà recouru à toute une série d’économies, notamment sur les dépenses énergétiques ou sur les charges à caractère général. Trouver des marges supplémentaires supposerait de restreindre l’accès aux services municipaux, ce à quoi nous nous refusons », explique l’entourage de Pierre Hurmic .
« On fait les poches des Bordelais, alors que nous avions fait des propositions qui permettaient d’économiser 5 millions d’euros sans toucher aux impôts », tonne Nicolas Florian, l’ancien maire (LR) qui avait succédé à Alain Juppé. Cette hausse des impôts fonciers, dont le taux nominal passerait de 46,38 % à 48,48 %, placerait Bordeaux aux alentours de la 15e place des villes de plus 100.000 habitants (selon le classement 2022) et toucherait les 32 % des Bordelais qui sont propriétaires de leur logement.
Alors que la plupart des 42 villes de plus de 100.000 habitants ont déjà tenu leur débat d’orientation budgétaire ou voté leur budget, sept d’entre elles ont acté des hausses de taux ou se préparent à le faire, comme Limoges. En 2022, douze territoires (soit au niveau de la commune ou de l’intercommunalité) avaient déjà actionné le levier fiscal, selon une étude du cabinet FSL.
Quelques hausses spectaculaires
Parmi les majorations pour 2023, certaines seront spectaculaires, comme à Paris (+52 %) ou à Grenoble (+25 %, dans une commune où les taux étaient déjà très élevés).
A Metz, c’est une hausse de 14,3 % qui se profile pour les taux des taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, et de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires et sur les logements vacants. « Le recours à l’augmentation des taux de la fiscalité directe apparaît comme inéluctable », explique la ville administrée par François Grosdidier (ex-LR) dans son rapport d’orientation budgétaire. Elle indique avoir fait le choix de « ne pas dégrader le service public », soulignant que la fermeture d’une médiathèque ou d’une piscine ne générerait que des « gains financiers souvent minimes ».
Brest Métropole envisage aussi d’augmenter de 12,1 % les taux « ménages » (taxes foncières, taxe d’habitation sur les résidences secondaires et les logements vacants), et de 2,71 % celui de la cotisation foncière des entreprises.
Qu’ils augmentent ou non les impôts locaux, les maires pourront dans tous les cas compter sur des recettes fiscales substantielles en 2023. En effet, la taxe foncière va automatiquement fortement augmenter pour tous les propriétaires du fait de la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives, qui sera de 7,1 % cette année, contre 3,4 % pour 2022.