Inflation alimentaire : la pression monte sur le gouvernement

Les négociations entre les industriels et la grande distribution s'achèvent mercredi. Emmanuel Macron a appelé les distributeurs à faire « un effort sur leurs marges ». Le PDG de Système U, Dominique Schelcher pointe des politiques qui « n'ont pas pris la mesure de la gravité de la situation ».


French Junior Minister for Small and Medium Compagnies, Craft Industries and Tourism Olivia Gregoire arrives for a meeting of ministers on the City policy "Plan Quartiers 2030", chaired by French Prime Minister, at the Hotel Matignon in Paris, on February 9, 2023. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

Il n’y a pas que la réforme des retraites qui met sous pression le gouvernement. Depuis de longs mois déjà, l’inflation est au coeur des préoccupations de l’exécutif. Et les députés de la majorité n’ont eu de cesse de remonter du terrain les inquiétudes croissantes des Français sur leurs fins de mois. Et leurs difficultés pour payer leur alimentation.

Alors que les négociations entre les industriels et les enseignes de la distribution s’achèvent, et alors que l’Insee a mesuré ce mardi une inflation à 6,2 % en février sur un an mais de 14,5 % pour l’alimentaire , Dominique Schelcher, PDG de Système U, jette un pavé dans la mare.

Dans un entretien au « Parisien », mercredi, il lâche que « les politiques n’ont absolument pas pris la mesure de la gravité de la situation ». Il assure toutefois qu’il est « favorable » à l’idée de panier anti-inflation lancée il y a déjà quelques semaines par la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, et pointe les autres professionnels de la distribution « qui n’y vont pas. »

« Peu de leviers »

« Ce qui est dur avec l’inflation, c’est que cela efface tout ce qu’on a fait sur le quinquennat précédent sur le travail qui paie mieux. Cela touche davantage les plus modestes, ceux qui habitent loin des villes. Et ce qui est très compliqué, c’est qu’il y a peu de leviers », observe un proche d’Emmanuel Macron, qui souligne « l’énorme communication que se font les enseignes, en disant on est du côté des Français et des territoires contre les méchants industriels ». Une communication face à laquelle il est difficile de répliquer.

Pour l’instant, le gouvernement est à la peine sur ce panier anti-inflation – 50 produits alimentaires et non alimentaires censés répondre aux besoins d’une famille avec deux enfants -, qui s’est surtout heurté au scepticisme de la profession. Interrogé sur l’inflation mardi lors des questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a assuré que les « solutions sur les produits alimentaires, nous y travaillons depuis plusieurs jours », soulignant qu’il recevrait à nouveau les distributeurs « dans les prochains jours » avec sa collègue Olivia Grégoire.

« Je présenterai dans les prochains jours des mesures qui, elles, seront efficaces et crédibles et qui permettront une nouvelle fois à la France […] de contenir l’inflation pour nos compatriotes », a-t-il promis sans détailler davantage. Ces mesures doivent être prises « avec le soutien des distributeurs », a-t-il martelé. Des distributeurs qui, avait appelé Emmanuel Macron lors de sa visite du Salon de l’Agriculture samedi, doivent faire « un effort sur leurs marges. »

Un « panier anti-inflation » ou « autre chose »

Interrogée ce mercredi sur France 2 sur le flou de ces mesures à venir d’ici au 15 mars, Olivia Grégoire, a assuré, « trois fois oui », que « la Première ministre, le ministre de l’Economie » et elle-même font tout pour préparer un « panier anti-inflation » ou « autre chose ». « Je n’ai pas le monopole des bonnes idées, ce sera un panier, un caddy ou autre chose… […] j’attends les contre-propositions des distributeurs ».

Des contre-propositions et de la « responsabilité », a-t-elle aussi lâché, alors que le gouvernement redoute le ressenti et la colère des Français sur le sujet. Ceci, à la veille d’ une semaine de mobilisation et de grèves reconductibles contre la réforme des retraites. « Face à une inflation dans l’alimentaire qui va sûrement rester soutenue, nous devons apporter une réponse collective, juste et rapide. Le président l’a rappelé, chacun doit contribuer à l’effort contre l’inflation : nous attendons donc les propositions de la grande distribution », a-t-elle insisté. L’objectif du gouvernement est d’avoir une réponse collective de la grande distribution, juste – c’est-à-dire selon le gouvernement qui ne pénalise pas les producteurs et les PME industrielles – et rapide…

« Tout le monde doit prendre sa part »

Sur RMC/BFMTV, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran n’a pas non plus réussi à lever le sentiment d’impuissance sur ce sujet piégeux. Il a rappelé tous les dispositifs que le gouvernement a jusqu’ici mis en place pour lutter contre l’inflation – et en tête les boucliers tarifaires sur l’énergie – et assuré que « l’Etat prend sa part et continuera de prendre sa part, mais tout le monde doit prendre sa part. » « Que fait la grande distribution ? » s’interroge un conseiller de l’exécutif.

« On va travailler avec les distributeurs et les industriels pour qu’in fine, le panier de la ménagère soit à prix maîtrisés. C’est ce qui est en train d’être discuté avec Bercy. Le nom ou la formule, on verra, ce qui compte, c’est qu’à la caisse, le panier soit à prix maîtrisé. » L’objectif est effectivement que l’effort porte sur un « panier » et non pas des promotions sur un seul type de produits. « Au moins que chacun propose une série de produits moins chers », appuie l’entourage d’Elisabeth Borne.


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