Face à une inflation au plus haut depuis les années 1980 , le budget consacré à l’alimentation pèse de plus en plus lourd dans les finances des ménages. L’association de défense des consommateurs Familles rurales a calculé que, pour respecter les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS), qui conseille d’avoir une alimentation variée et riche en fruits et légumes, une famille avec deux enfants doit dépenser chaque mois entre 734 euros – en choisissant les produits premiers prix – et 1.179 euros – en optant pour le bio – pour l’alimentation.
Un budget conséquent, qui pèse lourd pour les familles vivant en dessous du seuil de pauvreté , fixé à 2.535 euros par mois pour deux adultes et deux enfants – deux personnes au SMIC touchant 2.658 euros par mois, selon les données de l’Insee. Pour ces ménages modestes, 18 à 29 % du budget mensuel devrait ainsi être consacré à l’alimentation, s’ils optent pour un menu équilibré. « Le budget pour se nourrir a parfois constitué la variable d’ajustement pour boucler des fins de mois difficiles, trop souvent au détriment d’une alimentation saine », constate l’association dans un communiqué diffusé ce mercredi.
En effet, l’inflation touche tous les produits mais elle est particulièrement élevée sur les fruits et légumes (+10,7 %), sur les céréales et les féculents (+11,2 %) et sur les huiles et le beurre (+12,9 %), selon les données collectées par l’association. Pour rester en bonne santé, le PNNS recommande de manger cinq fruits et légumes par jour, des féculents au moins une fois par jour et du poisson au moins deux fois par semaine. Des recommandations qui ne seraient que peu respectées – seuls 32 % des adultes et 10 % des enfants déclaraient manger cinq fruits et légumes par jour en 2019, selon une étude du Crédoc.
Une aide pour les plus modestes
Pour aider les familles modestes à s’alimenter sainement, Familles rurales réclame un chèque mensuel de 65 euros, à destination des budgets serrés. L’association a en effet calculé qu’en achetant des produits moins variés « mais qui respectent néanmoins la diversité des catégories [établies par le PNNS] et leur saisonnalité », le budget alimentaire peut tomber à 477 euros par mois. « Ce sont les fruits et légumes de saison les moins chers qui ont ainsi été pris en compte, mais également les viandes et les poissons les plus accessibles. Ce panier […] est ainsi plus adapté aux budgets les plus contraints. »
Mais même avec ce panier plus accessible, il manquerait toujours 65 euros à ces familles, qui consacrent en moyenne 16,3 % de leur revenu disponible à l’alimentation, selon l’Insee. L’association chiffre le coût annuel d’une telle opération pour l’Etat à 7,2 milliards d’euros.
Un montant qu’elle met en regard des « 20 milliards d’euros dépensés à soigner des pathologies qu’on pourrait éviter » en mangeant plus sainement. Familles rurales cite notamment une étude de l’Anses qui établit que « la consommation de fruits et légumes diminue le risque de maladies cardiovasculaires ». « Une prévention efficace serait salutaire tant pour les malades que pour les finances publiques », souligne l’association dans une lettre adressée à François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention.