C’est une interview qui sonne comme une mise en garde sévère. Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence, accuse certaines entreprises de réaliser des « profits excessifs » sur le dos des consommateurs, en les justifiant par le contexte de hausse des prix. Et d’avertir : « Attention, nous sommes vigilants et on a les instruments pour sanctionner, même sévèrement », a-t-il lancé dans une interview au « Parisien ».
Alors que l’Autorité de la concurrence « regarde plus particulièrement » certains secteurs, sans préciser lesquels, elle enquête actuellement sur « des soupçons d’entente » d’entreprises « qui se disent que comme les prix augmentent partout , cela se verra moins si elles s’entendent ». « C’est une priorité collective de comprendre où sont les profits excessifs », martèle Benoît Coeuré.
Deux tiers de l’inflation dus aux entreprises
S’appuyant sur les données de la BCE, le patron du gendarme de la concurrence affirme que deux tiers de l’inflation sont dus à une augmentation des prix au-delà des hausses de coûts supportés par les entreprises, et seulement un tiers à l’augmentation des salaires. C’est l’inverse de ce qui se passe en temps normal.
Au passage, interrogé sur le secteur agroalimentaire particulièrement touché par l’inflation, Benoît Coeuré s’est montré très critique de la loi EGalim . « À partir d’une préoccupation légitime et incontestable, à savoir la défense du revenu des agriculteurs, on a construit une réglementation sous forme d’usine à gaz qui n’atteint pas forcément son but », a-t-il estimé, jugeant que ce sont les industriels qui profitent de ce système, aux dépens des consommateurs et sans bénéfice évident pour les agriculteurs.
Dans cette interview, le président de l’Autorité de la concurrence annonce également la publication prochaine de deux avis à destination du législateur. Le premier concerne le Cloud, où les grands acteurs américains peuvent tenir « l’entreprise cliente prisonnière d’un service donné » avec des coûts d’entrée très faibles mais des coûts de sortie très élevés. Le second avis portera sur les bornes de recharge électrique .