La France a traversé une période d’inflation sans précédent au cours des dernières années, qualifiée de « la plus grave depuis les années 70 » par le responsable de Bercy lors d’une intervention sur France Inter. Il a même affirmé que cette période d’inflation intense appartient désormais au passé, soulignant que « l’inflation est aujourd’hui maîtrisée, constituant ainsi une réussite économique avérée ». Cependant, ces déclarations ont suscité des critiques parmi les citoyens qui estiment que leur situation financière n’a guère évolué depuis l’envolée des prix.
L’inflation alimentaire pénalise encore beaucoup de Français !
Malgré le ralentissement attendu de l’inflation, les Français peinent toujours à joindre les deux bouts. En effet, au 1ᵉʳ décembre, le taux d’inflation en France s’établit à 3,8 % (données harmonisées européennes) et à 3,4 % selon les normes de l’Insee, sur une période d’un an, par rapport aux 4 % enregistrés en octobre dernier. Bien que cela représente une nette amélioration par rapport au pic de 7,1 % enregistré l’année précédente, les ménages français demeurent vigilants quant à leurs dépenses alimentaires.
Au cours de la dernière année, les Français ont considérablement réduit leurs dépenses alimentaires, une tendance confirmée par l’Insee : « Les ménages ont continué de réduire leurs achats, de changer de gamme de produits ou de diversifier leurs courses alimentaires : la consommation de produits alimentaires au sens de la comptabilité nationale a ainsi reculé en volume pour le sixième trimestre consécutif, pesant fortement sur la consommation totale », indiquent les statisticiens dans leur dernier rapport.
Une baisse « inédite » des dépenses alimentaires
Thomas Laurent, chef de division des comptes trimestriels, et Lionel Delta, chef de la section Consommation et épargne des ménages à l’Insee, ont constaté une réduction des dépenses alimentaires d’une ampleur « supérieure » à celles observées lors des dernières crises, soulignant également leur caractère plus durable.
Marianne Bléhaut, Directrice du pôle data et économie du Credoc, analyse cette baisse en volume comme : « Ces chiffres sont à la fois prévisibles et surprenants. On pouvait s’attendre à une baisse en valeur, assez logique au vu de la hausse des prix : des stratégies de report, de descente en gamme, de substitutions… La baisse en volume est plus inattendue, et pose des problèmes de santé publique ».
Cette observation est partagée par l’Ifop, dont une enquête menée en juin a révélé qu’une grande partie des Français (58 %) avait réduit ses dépenses alimentaires en 2023, soit le double par rapport à quinze ans auparavant.
Selon Le Figaro, tous les économistes estiment que cette crise se distingue nettement de celle de 2008, où le chômage était un facteur déterminant dans la détérioration du niveau de vie des Français. « Cette fois-ci, la diminution de la consommation ne résulte pas d’une baisse de revenu, mais de l’inflation alimentaire elle-même », affirme François Geerolf.