A deux mois de la présidentielle, c’est un résultat flatteur que l’exécutif a commencé à mettre en avant pour défendre son bilan. L’an dernier, le produit intérieur brut a progressé de 7 % , selon l’Insee. Cette performance historique intervient après un recul de 8 % de l’activité en 2020. Mais elle est supérieure de 0,3 point aux prévisions . « Ce rebond spectaculaire efface la crise économique », s’est aussitôt félicité le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur France 2.
En hausse de 0,7 % au dernier trimestre 2021, l’économie française dépasse désormais de 0,9 % le niveau qu’elle avait avant la pandémie, selon l’institut de statistique. Les stigmates de la crise sanitaire ne sont toutefois pas effacés : en 2021, l’activité est restée en moyenne « 1,6 % en deçà de son niveau moyen en 2019 ».
L’exécutif est néanmoins « relativement confiant » : grâce à l’intervention massive de l’Etat, les entreprises sont restées à flot, l’emploi a été maintenu, et l’investissement est revenu à un niveau élevé. « Ce qui préserve la croissance », selon l’Elysée, qui met surtout en avant les réformes menées depuis 2017 et le plan de relance dont une des vertus est d’accélérer la dématérialisation des entreprises. « On en attend des gains de productivité qui aideront à soutenir la croissance potentielle », dit l’entourage du chef de l’Etat.
4 %, un objectif ambitieux
La performance de l’an dernier permet d’ores et déjà à l’Hexagone d’entamer 2022 sur un bon pied, avec un acquis de croissance de 2,4 %, selon l’Insee. Mais la trajectoire reste incertaine. L’objectif de Bercy d’une hausse du PIB de 4 % cette année est jugé ambitieuse par beaucoup d’économistes. Le Fonds monétaire international vient d’ailleurs d’abaisser sa projection de 0,4 point, à 3,5 %. Comme ailleurs, la situation sanitaire dicte encore sa loi avec la propagation du variant Omicron. « A court terme, c’est un aléa à la baisse sur la croissance », reconnaît le directeur général de l’Insee Jean-Luc Tavernier dans une interview aux « Echos » .
Si le retour des restrictions sanitaires pèse sur la restauration, l’hébergement ou l’événementiel, les effets s’amenuisent d’une vague épidémique à l’autre. Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes, évalue à « 0,3 point l’impact potentiel du variant sur le PIB du fait du ralentissement dans les secteurs affectés par le Covid-19 et des désorganisations du travail liées aux arrêts maladie ». « La croissance au premier trimestre serait ainsi de 0,2 % au lieu de 0,5 %. Mais à partir de la mi-mars, l’activité va se normaliser », estime-t-elle.
Et les fondamentaux sont bons. En particulier, dans l’industrie, les chefs d’entreprise affichent un optimisme bien ancré. Avec une préoccupation néanmoins : la situation en Chine, dont la stratégie « zéro Covid-19 » fait craindre de nouvelles perturbations sur les chaînes industrielles mondiales.