L’analyse des politiques économiques est au coeur du débat public aujourd’hui. Une myriade d’instituts traitent de ces sujets dans l’Hexagone. Mais l’organisation du paysage remonte à un demi-siècle, une époque où la dimension internationale était nettement moins présente.
Mandatés en mars par la Première ministre, Elisabeth Borne, pour réfléchir à des évolutions possibles, Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Insee et Nicolas Véron, cofondateur de l’institut Bruegel et chercheur au Peterson Institute, lui ont remis leur rapport à la veille de Noël. S’ils jugent que l’écosystème français « semble fonctionner de manière satisfaisante », les deux économistes n’en formulent pas moins quelques propositions de restructuration du secteur.
«Rapidement»
Leur principale recommandation : fusionner « rapidement » l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). Ce qui « permettra de créer un pôle reconnu en économie domestique et internationale » susceptible de participer aux débats de politique économique au niveau européen, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Pour les rapporteurs, l’affiliation du Cepii au réseau France Stratégie, rattaché à Matignon, est en effet devenue « inadaptée à sa mission de recherche ». En revanche, grâce à ce rapprochement, l’OFCE dont le champ d’analyse et la notoriété « sont surtout nationaux », devrait trouver la dimension internationale appelée de ses voeux par son président Xavier Ragot . Selon eux, le Cepii, « connu dans beaucoup d’organisations internationales et de centres d’expertise étrangers intéressés à l’analyse des échanges extérieurs et des politiques commerciales » devra toutefois conserver sa marque. La question de la gouvernance devra être tranchée.
D’autres évolutions sont proposées par le rapport : parmi elles, la nécessité de mieux insérer le Conseil d’analyse économique dans le processus de décision gouvernementale ou de conforter l’Institut des politiques publiques (IPP) dans son développement.
Le rapport se penche également sur le sort de Rexecode, structure associative privée confrontée à la « multiplication de centres d’analyse » proches, comme lui, des milieux patronaux. Pointant une situation financière « fragile dans la durée » il ouvre des pistes qui permettraient à Rexecode de compléter ses revenus : par exemple, répondre à des appels à projets mais aussi « rechercher à être reconnu d’intérêt général » afin de bénéficier de déductions fiscales.
« Déséquilibre »
Au fil du temps, l’évaluation des politiques publiques a de fait pris une importance grandissante. Mais les financements, eux, sont insuffisants. Pour remédier à cette situation, les deux rapporteurs suggèrent donc de créer « un programme dédié de financement socle » pour un certain nombre d’organismes, avec France Stratégie comme pilote du processus.
« L’Etat doit optimiser son soutien à l’analyse et à l’évaluation des politiques publiques en France », plaident-ils appelant à corriger « le déséquilibre actuel, avec une prépondérance de l’Etat dans le financement et la gouvernance » au nom du « pluralisme » et d’une « objectivité accrue ».