La Cour des comptes remet en cause la gestion de Pôle emploi, l’établissement administratif chargé d’accompagner et d’indemniser les chômeurs. Dans un rapport de 150 pages remis jeudi intitulé « la gestion de Pôle emploi, dix ans après sa création », la haute juridiction a examiné les faits et gestes de l’opérateur public entre 2012 et 2019.
Les quelques points positifs soulevés par ce bilan sont largement évincés par la politique, contestée, menée par les ressources humaines de l’établissement publique, notamment vis-à-vis de ses cadres dirigeants.
Les observations soulèvent, entre autres, un « niveau très élevé d’absentéisme » et un temps de travail inférieur de « 2.5 % à la durée annuelle légale ».
Les cadres en prennent pour leur grade
Primes de mobilité « aux montants excessifs », augmentations « très rapides », voitures de fonction systématiques ou encore ruptures conventionnelles « très favorables en fin de carrière »… les privilèges accordés aux cadres dirigeants ne passent pas inaperçus.
Face à ces traitements de faveur, la Cour recommande la mise en place d’un « comité de rémunération » pour les plus hauts salaires. Et estime que « la gestion des cadres dirigeants reste marquée par des pratiques héritées des circonstances particulières de la fusion [entre ANPE et Assédic en 2008, ndlr], qui ne sont pas acceptables onze ans après, dans le contexte d’économies imposées à l’ensemble du secteur public depuis plusieurs années ».
Augmentation du nombre de demandeurs d’emploi
Le rapport, qui met en corrélation la gérance de Pôle emploi et l’épidémie de coronavirus, préconise également d’étudier à nouveau les moyens mis en place pour faire face à l’augmentation à venir du nombre de demandeurs d’emploi.
D’après l’Unédic, premier financeur de Pôle emploi qui gère le régime d’assurance-chômage, 630.000 personnes supplémentaires devraient bénéficier d’une indemnisation à la suite d’une suppression de 900.000 emplois estimée fin 2020. Le nombre de demandeurs d’emploi, avec ou sans activité, est passé à 5.6 millions au premier trimestre 2019 alors qu’il n’excédait pas 4.2 millions en 2011.
La Cour des comptes s’interrogeait déjà, au mois de février, de l’efficacité des services numériques de l’opérateur public et critiquait son manque de transparence.