L’AGS s’enfonce dans la crise. Alors que le sort de sa directrice nationale, Houria Aouimeur – convoquée à un entretien préalable de licenciement – est suspendu à un rapport d’audit du cabinet PwC , la CPME a décidé de claquer la porte de cette association patronale très connue du monde économique car elle prend en charge les salaires des entreprises défaillantes. Dans le collimateur de l’organisation représentative des PME, le Medef est pointé du doigt pour l’opacité dans laquelle sont prises les décisions.
Dans un courrier daté du 7 février adressé au président de l’AGS, Christian Nibourel, le patron de la CPME, François Asselin ne mâche pas ses mots. « Par courrier daté du mois de juillet 2021, j’ai alerté le président du Medef, organisation majoritaire au sein du conseil d’administration de l’AGS, sur le fait que la délégation CPME au sein de cette instance était tenue à l’écart de la plupart des décisions », commence-t-il par rappeler dans la lettre à laquelle « Les Echos » ont eu accès.
« Assurances verbales »
« Des assurances verbales nous avaient alors été apportées », poursuit François Asselin, l’amenant à mandater début décembre de la même année un certain nombre de membres de la CPME pour représenter l’organisation au conseil d’administration et à la commission de contrôle de l’AGS.
Les « assurances verbales » du Medef n’ont visiblement pas été tenues. « Au vu des derniers événements donnant lieu à la convocation de plusieurs conseils d’administrations extraordinaires, je suis au regret de constater aujourd’hui que notre organisation, minoritaire au sein du conseil d’administration, ne dispose ni des moyens ni des éléments d’information lui permettant d’assumer ses responsabilités […] », déplore François Asselin qui a donc retiré les mandats de ses représentants.
Dossier malsain
Contacté, le Medef a fait part de son « incompréhension », mais renvoie à la CPME pour détailler les raisons de sa décision de pratiquer la politique de la chaise vide. Egalement contactés, les présidents de la CPME et de l’AGS n’ont pas donné suite à nos demandes de réaction.
Les conseils d’administration auxquels François Asselin fait allusion dans sa lettre ont eu trait, au moins pour l’un d’entre eux, à différents audits sur le fonctionnement de la DUA AGS, c’est-à-dire de l’équipe opérationnelle de l’AGS logée au sein de l’Unédic et dirigée par Houria Aouimeur. Se mêlent dans ce dossier très malsain rempli de manipulations suspicions de train de vie anormal de la direction de la DUA, de règlements de compte, ou encore de harcèlement moral et physique, plainte devant la justice à la clé.
Opacité
Les motifs invoqués par la CPME pour retirer toute sa délégation étonnent certains proches du dossier qui pointent que l’organisation représentative des PME, siégeant au comité d’audit de l’Unédic, est au courant des reproches à l’encontre de la directrice nationale de la DUA, même si les audits ne sont pas encore terminés. Quoi qu’il en soit, la décision de François Asselin intervient alors qu’un conseil d’administration extraordinaire de l’AGS a été convoqué ce lundi pour examiner les premiers éléments du rapport de PwC, selon nos informations.
L’opacité reprochée au Medef semble être aussi nourrie par l’attitude de l’organisation dirigée par Geoffroy Roux de Bézieux sur une autre affaire, bien plus importante. Houria Aouimeur a, en effet, été nommée en 2019 pour nettoyer les pratiques de l’ancienne direction de la DUA auprès d’un certain nombre d’administrateurs ou de liquidateurs judiciaires.
De l’avis général, le travail a été bien fait, mais les soupçons de détournement sont tels que deux plaintes ont été déposées dont une par l’AGS, l’Unédic le Medef et la CPME. Mais François Asselin ne supporte visiblement plus de n’être pas du tout tenu au courant de l’évolution de ce dossier potentiellement explosif.
En attendant l’ambiance s’est encore plombée sur le dossier : trois sources différentes affirment que Houria Aouimeur a été convoquée, et le sait, pour un entretien préalable en vue de son licenciement avec mise à pied à titre conservatoire. Contactée jeudi matin, la Directrice nationale de la DUA affirme « n’avoir encore rien reçu en ce sens à ce jour ».