Le début de l’atterrissage ? Au deuxième trimestre, l’emploi salarié du secteur privé a continué à progresser, mais de peu, ne gagnant que 19.700 postes. Cela représente une hausse de 0,1 %, portant les effectifs des entreprises de ce champ de l’économie à 21,16 millions, selon des chiffres provisoires publiés ce vendredi par l’Insee.
Le ralentissement, s’il est confirmé, est très net par rapport aux trois premiers mois de l’année, qui avait enregistré une augmentation de 86.800 (+0,4 %), alors même que l’on compte 1,2 million d’emplois de plus qu’avant la crise sanitaire. Pour mémoire, l’Institut de la statistique a anticipé dans sa dernière note de conjoncture, publiée en juin, 175.000 emplois supplémentaires (privé ou non) sur 2023, contre 445.000 l’année dernière.
Hausse dans l’industrie
Pour la plupart des économistes, c’est sans doute le signal d’un réalignement de l’emploi sur l’activité, après deux années d’euphorie depuis la fin du Covid. Le rythme de l’apprentissage – qui explique un tiers des postes créés – va ralentir aussi. L’un dans l’autre, « cela pourrait être un début de rattrapage de la productivité, mais celle-ci reste encore bien inférieure à son niveau d’avant la crise sanitaire », confirme Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l’Insee, cité par l’AFP.
Dans le détail, l’emploi a de nouveau baissé dans l’intérim, mais de façon moins marquée qu’au premier trimestre. Hors intérim, il s’est replié dans l’agriculture, dans la construction, mais a continué à progresser dans l’industrie, gagnant 6.400 postes. Dans le tertiaire marchand, principal pourvoyeur d’emplois, le ralentissement est net : +25.900 au deuxième trimestre après +85.900 emplois au premier.
Lâcher 11 milliards
Attention, ces chiffres peuvent évoluer, d’autant que la croissance enregistrée au deuxième trimestre s’avère bien supérieure à ce qui était attendu. On se souvient que l’estimation provisoire de l’emploi au premier trimestre avait été fortement revue quelques semaines plus tard lorsque les chiffres définitifs, plus de deux fois supérieurs finalement, ont été publiés. Qui plus est, à près de 7 millions, les déclarations d’embauches n’ont pas faibli d’avril à juin, selon les statistiques de l’Urssaf.
La publication de l’Insee intervient dans la foulée de l’envoi par Matignon aux partenaires sociaux du document de cadrage relatif à la négociation de la prochaine convention Unédic. Tel que rédigé, il s’inscrit clairement dans la continuité de ce que le gouvernement d’Edouard Philippe et celui d’Elisabeth Borne ont instauré en matière d’indemnisation des chômeurs depuis 2018.
Syndicats et patronat auront d’autant moins de marge de manoeuvre qu’ils devront consentir à lâcher plus de 11 milliards des excédents de l’Unédic prévus d’ici à 2026 pour financer France travail, le nouveau service public de l’emploi et de l’insertion, et l’apprentissage. Le gouvernement maintient son objectif de plein-emploi d’ici à 2027, soit un taux de chômage de 5 % environ de la population active, contre 7,1 % actuellement.