En 2022, la croissance de l’activité économique française a atteint 2,6 %, marquée toutefois par un ralentissement au quatrième trimestre. En cause : un net recul de la consommation des ménages dans un contexte de forte inflation, a indiqué mardi l’Insee dans un communiqué. L’an dernier, la croissance a surtout bénéficié du rebond d’activité enregistré sur la seconde partie de 2021 « en sortie de crise sanitaire », a expliqué l’Insee. Trimestre après trimestre, elle a ensuite été « nettement moins dynamique ». Mais, les chiffres sont toutefois meilleurs que prévu, car l’Insee tablait sur un PIB en hausse de 2,5 % et une contraction de 0,2 % au quatrième trimestre.
De son côté, le gouvernement prévoyait 2,7 %. C’est pourquoi, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a salué une croissance « soutenue » l’an dernier malgré le contexte économique, assombri par une Chine toujours touchée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine. « Elle témoigne du fort rebond de notre économie après le choc du Covid et de sa résilience face à la crise énergétique », a-t-il affirmé. « Nous aurons également une croissance positive » en 2023, s’est-il projeté.
Un tableau contrasté
Mais si l’activité française reste soutenue, le tableau est bien plus contrasté. Tout d’abord, les trois derniers mois de l’année ont été marqués par une forte baisse de la consommation des ménages en biens et services (-0,9%). Cette consommation est pourtant un moteur traditionnel de la croissance, mais elle a été pénalisée par un recul des achats de produits alimentaires.
En France, la hausse des prix à la consommation s’est légèrement accélérée en janvier, le taux d’inflation atteignant 6 % sur un an, entre janvier 2022 et janvier 2023 compris. « Cette légère hausse de l’inflation serait due à l’accélération des prix de l’alimentation et de ceux de l’énergie », respectivement en hausse de 13,2 % et 16,3 % sur un an, indique l’Insee.
Les prix de l’énergie « rebondiraient du fait de la hausse des prix des produits pétroliers, en partie due à la fin des remises sur les carburants, et de celle, encadrée, des prix du gaz ». Au 1er janvier 2023 ont en effet pris fin les différentes remises. Quant aux produits alimentaires, la hausse des prix s’est aussi accentuée en janvier, à la fois pour les produits frais (+9,8 % sur un an après +9,3 % en décembre 2022) et les autres produits alimentaires (+13,8 % après +12,6 %).
Mauvais augure pour 2023
Le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance du PIB, les importations ayant reculé plus fortement que les exportations. « C’est une résistance de façade de l’économie française », a commenté Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, interrogé par l’AFP. « La consommation se porte mal et des importations qui chutent autant, ce n’est pas très bon signe : cela veut dire que la demande intérieure est quand même très faible ».
C’est de mauvais augure pour 2023, alors que l’inflation devrait continuer à accélérer jusqu’à un pic attendu par l’Insee autour de 7 % en début d’année. « Cela confirme » le scénario d’« une économie qui entre en récession modeste ou au mieux en stagnation au premier semestre 2023 », ajoute l’économiste.
La Banque de France s’attend à une baisse de régime avec 0,3 % de croissance en 2023. Elle est plus pessimiste que le gouvernement qui table sur 1 %. L’exécutif compte sur la croissance pour amorcer le redressement des finances publiques.