Ce n’est pas un hasard si les Français se sentent pousser des ailes et réclament une sortie accélérée du sas post-confinement imposé au pays. Car l’épidémie régresse avec une régularité sans faille, et les statistiques ne montrent aucun signe de rechute. C’est d’ailleurs le cas à peu près partout en Europe, même si la Suède et le Royaume-Uni pâtissent encore de leur opposition initiale au confinement.
« On peut dire que, raisonnablement, l’épidémie est contrôlée », a d’ailleurs reconnu le président du Conseil scientifique Covid-19, Jean-François Delfraissy, vendredi sur France Inter . Dans un avis sur les quatre scénarios post-confinement publié jeudi, le conseil a estimé que c’était le scénario le plus favorable qui se déroulait : celui de la décrue épidémique. « On ouvre, et on va continuer d’ouvrir, me semble-t-il, à partir du 22 juin », a anticipé Jean-François Delfraissy à l’antenne. « Je suis relativement optimiste. Et pour les semaines qui viennent, je me mouille : la situation est sous contrôle », a-t-il enfoncé le clou dans le « JDD» ce dimanche.
Un nombre de reproduction inférieur à 1
Le professeur de médecine a évoqué 1.000 à 2.000 nouveaux cas par jour contre environ 80.000 avant le confinement. Santé publique France a publié ses relevés épidémiologiques pour la semaine du 25 au 31 mai, qui montrent la même tendance. Le nombre de nouveaux cas hebdomadaires confirmés par un test virologique est tombé à 3.520, et le taux de positivité des tests a chuté à 1,5 %, alors qu’il tournait autour de 4 % à la mi-mai.
Par ailleurs, le nombre de reproduction du virus , c’est-à-dire le nombre moyen de personnes contaminées par un porteur de virus, demeure inférieur à 1, ce qui signifie que l’épidémie régresse. Il est stable depuis le déconfinement, à 0,76, avec des pointes à 0,8 en Ile-de-France, 0,9 en Bretagne et à Mayotte, et 2,95 en Guyane.
Santé publique France a recensé 150 clusters hors Ehpad et hors familles, dont 142 en métropole. La stratégie du « tester-tracer-isoler » porte donc ses fruits. « Aucune diffusion communautaire non contrôlée n’est rapportée à ce jour », rassure l’organisme public. Ces foyers infectieux ont été détectés à 27 % dans des établissements de santé, puis à parts égales dans les foyers d’insertion et les entreprises (17 % chacun).
Du mieux en Ehpad et à l’hôpital
Quant aux maisons de retraite, qui ont été de gros foyers infectieux pendant le pic épidémique, les clusters y sont « en nette diminution », « et le nombre de signalements est désormais très faible » – quelques dizaines de cas par semaine. Le personnel et les résidents y ont été systématiquement dépistés en mai.
Les hôpitaux commencent eux aussi à respirer. Alors qu’ils étaient 7.200 au pic de l’épidémie, il ne reste plus qu’un millier de malades du Covid-19 en réanimation, dont la moitié en Ile-de-France. Vendredi, moins de 12.700 personnes étaient hospitalisées à cause du virus. Le bilan, qui n’est pas encore définitif, est toutefois très lourd, avec plus de 29.000 morts sans compter les décès à domicile, 70.000 malades qui s’en sont sortis mais ont dû être hospitalisés, dont 18.000 passés par la case réanimation qui auront besoin de temps pour s’en remettre.