Des vraies montagnes russes. L’activité économique des pays européens et de la France monte et descend en fonction de l’évolution de l’épidémie. Et logiquement, beaucoup de questions se posent sur la croissance de l’an prochain, étant donnée la situation sanitaire. Jusqu’ici, les prévisionnistes et le gouvernement anticipaient un rebond fort en 2021. Mais Les nouvelles mesures de confinement ont forcé le gouvernement à revoir sa prévision de baisse du PIB pour cette année. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a indiqué vendredi que la richesse produite en 2020 chuterait de 11 % alors que Bercy s’attendait à un repli de 10 % jusqu’ici. « C’est une révision qui est modérée, justement parce que nous avons eu un troisième trimestre très fort, qui traduit une chose simple : la capacité de rebond de l’économie française est considérable », a souligné le ministre.
En effet, le PIB a nettement rebondi au troisième trimestre de cette année, avec le déconfinement. Le rebond est même supérieur à ce que les économistes prévoyaient. L e PIB a progressé de 18,2 % entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent, marqué par le grand sommeil de l’économie pour cause de pandémie, selon l’Insee. Résultat, le PIB est revenu à un niveau seulement inférieur de 4 % à celui d’il y a un an. Une performance équivalente à celle de l’Allemagne et d’autres pays européens.
En France, la consommation des ménages explique en grande partie ce rebond. Elle a quasiment retrouvé son niveau d’avant la pandémie puisqu’elle n’est inférieure que de 2 % à son niveau de la fin 2019. En revanche, l’investissement des entreprises reste bien en-dessous de l’an passé, tout comme la production industrielle, principalement à cause des difficultés de l’aéronautique.
L’importance du mois de décembre
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Selon Bruno Le Maire, un mois de confinement ampute le PIB de 15 %. L’activité va donc chuter sur les trois derniers mois de l’année. Mais, « étant donnée l’importance du rebond du troisième trimestre, pour que le PIB baisse de 11% sur l’année 2020, il faudrait que, sur le seul quatrième trimestre, l’activité chute de 11,4 % », décrypte Denis Ferrand, le directeur général de Rexecode. Cela paraît beaucoup. Comme le confinement est moins strict qu’au printemps dernier, la prévision de Bercy apparaît prudente. Sauf si le confinement dure encore en décembre. Là, l’impact serait encore plus fort qu’en novembre. Dans certains secteurs, comme la parfumerie, les produits de beauté, les jouets, l’horlogerie, la bijouterie ou encore la pâtisserie, le mois de décembre représente entre 15 % et 20 % des ventes annuelles.
Quant à la prévision de 8% de croissance du gouvernement en 2021, elle est, elle, plus en danger. « Pour faire 8% de croissance l’an prochain, il faudrait que la reprise au début de l’année 2021 soit très forte ou que le PIB du quatrième trimestre de l’an prochain dépasse celui des trois derniers mois de 2019 », poursuit Denis Ferrand. Là, cela paraît difficile à atteindre. D’autant que les mesures sanitaires devraient rester strictes au premier trimestre 2021 pour éviter la recrudescence des infections. L’échec du déconfinement en mai et juin dernier, dans toute l’Europe, servira probablement de leçon. Les économistes d’Euler Hermes tablent sur une croissance de seulement 3% sur les trois premiers mois de l’an prochain. Le Covid-19 est peut-être là pour durer.