De record en record. Les industriels français ont vu leurs coûts de production flamber de 3 % en novembre, après 2,8 % en octobre, selon les chiffres publiés ce mercredi par l’Insee. Sur un an, la hausse atteint désormais 16,3 %. Un niveau inédit depuis janvier 1995.
Comme ailleurs dans le monde , ce renchérissement des coûts s’explique par l’envolée des prix de l’énergie ainsi que de certaines matières premières et par les pénuries qui entravent la production. A l’automne, la désorganisation des chaînes d’approvisionnement a atteint un pic et, de l’avis de tous les économistes, ces tensions ne se résorberont que très lentement.
Passage aux tarifs d’hiver
Sur un mois, les prix de production, de transport et de distribution d’électricité affichent une hausse de 15,6 % « en raison du passage aux tarifs d’hiver et aussi de hausses persistantes sur des prix sur les marchés de gros », souligne l’Insee.
Cette remontée des coûts est également perceptible pour les produits chimiques (+4,6 % sur un mois), le papier carton (+1,6 %) et les produits métallurgiques (+1 %). Elle touche aussi les « produits alimentaires et boissons », dont les prix augmentent de 0,8 % sur un mois et de 3,8 % sur un an ainsi que les biens manufacturés (respectivement +0,6 % et +9 %). En revanche, avec l’assagissement des cours du pétrole, les prix des produits de raffinage se replient.
Pour l’heure, les entreprises ne semblent pas avoir relevé leurs prix. « Entre septembre et novembre, les prix à la consommation des produits manufacturés n’ont en moyenne augmenté que de 0,5 % sur un an », relève l’institut de statistiques dans sa dernière note de conjoncture, intitulée « Reprise sous contraintes » , tout en rappelant que « la hausse de prix de production ne se répercute pas de façon immédiate ni complète ».
Mais cette situation ne devrait pas durer. Toutes les enquêtes montrent que les industriels entendent répercuter le renchérissement des coûts qu’ils subissent sur leurs prix de vente. Reste à savoir quelle sera la part qui se retrouvera dans les étiquettes.
Dans ses dernières projections, l’Insee estime que la hausse des prix atteindra 1,8 % pour les biens manufacturés et 2,4 % pour les produits alimentaires en glissement annuel en juin 2022. Ce qui nourrira l’inflation.
Toujours selon les prévisions de l’Insee, l’inflation sous-jacente – hors énergie et alimentaire – progresserait au cours des six premiers mois de 2022 pour s’établir à 2,2 % sur un an en juin. Les cours de l’énergie pourraient, en revanche, se calmer.
Signe de la fébrilité de l’exécutif, Bercy a annoncé il y a quelques jours un plan pour aider les industriels à surmonter leurs difficultés d’approvisionnement. Cette situation pèse, il est vrai, sur l’investissement des entreprises. Depuis l’été, il a nettement ralenti et ne devrait progresser que très modestement au premier semestre 2022 (+0,3 % attendu au premier trimestre).