C’était déjà le cas en 2020 et en 2021. L’année 2022 ne fait pas exception : la productivité au travail a marqué le pas en France, dans le secteur marchand non agricole. La productivité par tête a perdu 3 % au troisième trimestre 2022, par rapport à 2019, révèle une étude de la Dares, l’institut de statistique du ministère du Travail, publiée ce jeudi.
La productivité horaire a également baissé de 2,9 % en 2022, par rapport à 2019. Les auteurs du rapport signalent que ces deux indicateurs se sont écartés des tendances qui prévalaient avant la crise du Covid. En effet, la productivité au travail était en hausse, légère mais constante, depuis 2015.
En 2022, la productivité par tête se situe en conséquence en fort décalage par rapport aux prévisions initiales (-6,4 %) et la productivité horaire connaît une situation similaire (-5,4 %).
Pour expliquer ce phénomène, les auteurs du rapport avancent plusieurs hypothèses. « La hausse du nombre d’alternants, a priori moins productifs que le reste des personnes en emploi car étant plus jeunes, moins expérimentés et travaillant un volume d’heures plus faible du fait de leur temps de formation, est une des causes possibles de la baisse récente de la productivité du travail », écrivent-ils.
La part de l’alternance dans l’emploi salarié s’accroît
Depuis 2019, le recours aux alternants a considérablement augmenté , en France, en raison de politiques publiques favorables à leur recrutement. La réforme Pénicaud de 2018 a libéralisé la création des Centres de formation d’apprentis (CFA) et les primes de 6.000 euros à l’embauche des jeunes, décidés dans le cadre du plan de relance, ont maintenu la dynamique. La Dares estime que 930.000 contrats d’apprentissage étaient en cours en septembre 2022, contre 450.000 en 2019. En conséquence, la part de l’alternance dans l’emploi salarié s’accroît, pour atteindre 4 % au troisième trimestre 2022, contre 2,7 % fin 2018.
Pas le seul facteur
Mais le recours aux alternants n’est pas la seule explication. En effet, selon les calculs des auteurs du rapport, ce phénomène jouerait sur la baisse de la productivité à hauteur d’un cinquième. Ils avancent aussi l’apparition, dans les calculs, de salariés qui n’étaient pas enregistrés auparavant « en raison d’une régularisation du travail dissimulé » ou « d’une substitution de travailleurs résidents ou travailleurs détachés retournés dans leur pays d’origine ».
Dans certains secteurs, touchés par une baisse de l’activité, la « rétention de main-d’oeuvre par les entreprises » pourrait également être l’un des facteurs de cette baisse de la productivité. Enfin, les auteurs de l’étude pointent le « nombre important d’arrêts maladie qui perdurent depuis la crise sanitaire ».