L’absentéisme augmente aussi chez les cadres et les jeunes

En 2022, près d'un salarié sur deux s'est absenté au cours de l'année, un record, selon une enquête du cabinet de conseil Mercer publiée ce mardi. La hausse de l'absentéisme touche toutes les catégories sociales et les classes d'âge.


Les bureaux ne se vident pas seulement à cause du télétravail. En 2022, l’absentéisme a atteint un nouveau record, selon une enquête du cabinet de conseil Mercer réalisée auprès d’un panel de plus de 3.000 entreprises implantées en France et publiée ce mardi. Déjà élevé en 2020 au commencement de la pandémie de Covid, année durant laquelle le taux d’absentéisme sur l’ensemble des travailleurs était alors de 5 %, ce chiffre est passé à 5,2 % en 2022.

« Il y a dix ans, nous étions plutôt sur des taux de 2,5 à 3 % », rappelle Camille Mosse, du cabinet Mercer. Plus concrètement, près d’un salarié sur deux (48 %) s’est absenté au moins une fois de son poste de travail en 2022, contre 36 % en 2021.

La nature des absences évolue

La durée moyenne de ces absences, en « très grande majorité sous la forme d’arrêts de travail », évolue aussi de manière significative : 46 % de ces absences ont une durée comprise entre six et quinze jours en 2022, contre 36,5 % en 2021. Ces absences, qui ont donc plus fréquemment une durée « moyenne », se font aux dépens des absences de quelques jours ou de plusieurs semaines. « La part des arrêts pour une maladie bénigne de quelques jours ou pour une maladie grave nécessitant plusieurs semaines d’arrêt, recule », explique Camille Mosse.

Pour comprendre l’évolution de leur durée, il faut regarder celle de leur nature. Longtemps première cause d’arrêts, les troubles musculosquelettiques (TMS) reculent en deuxième position et laissent la place aux arrêts pour troubles anxio-dépressifs. « Dans un contexte économique et social très tendu, les salariés sont davantage en proie aux risques psychosociaux, qui se traduisent souvent par des arrêts d’une dizaine de jours », détaille Camille Mosse.

Le rapport au travail change

L’absentéisme en 2022 touche par ailleurs davantage les cadres, catégorie jusque-là moins encline à arrêter son activité. Le taux des cadres qui se sont absentés dans l’année est passé de 25 % en 2021 à 34 % en 2022, soit une augmentation de 34 %. « Toutes les catégories sociales sont aujourd’hui touchées par l’absentéisme », indique Camille Mosse, qui souligne « une évolution profonde, tout âge confondu, dans le rapport au travail », avec une recherche plus grande « d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée ». 

Alors que ce sont toujours les plus de 55 ans qui s’absentent le plus en 2022 (taux d’absentéisme de 5,6 %, un chiffre stable) – ce sont eux qui ont plus de problèmes de santé -, ce sont les moins de 30 ans qui connaissent la plus forte augmentation, avec une hausse de 32 % de leur taux d’absentéisme entre 2019 et 2022.

Pour tenter de contenir ce phénomène, l’Assurance Maladie va opérer davantage de contrôles auprès des médecins qui prescriraient trop facilement des arrêts de travail, en retirant, si nécessaire, la convention qui lie les médecins à l’Assurance Maladie. Le cabinet de conseil préconise quant à lui de multiplier les recommandations de dépistages au sein des entreprises et les formations, pour que les salariés adoptent systématiquement des comportements préservant leur capital santé.


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