Quel programme budgétaire pour le candidat Macron ? Depuis des mois, le chef de l’Etat et sa majorité martèlent que le sérieux budgétaire continue de faire partie de leur identité politique . Un discours qui dissone avec les nombreuses annonces de nouvelles dépenses faites depuis l’été – encore 15 milliards d’euros promis pour la sécurité en début de semaine lors de la visite à Nice – au point que Valérie Pécresse accuse l’actuel président d’avoir « cramé la caisse ».
Bercy s’est engagé au printemps dernier à ramener le déficit public (proche de 8 % du PIB en 2021) en dessous du seuil de 3 % en 2027, soit la situation avant la survenue de la crise sanitaire. Actuel rapporteur général du Budget, Laurent Saint-Martin fait partie des experts qui planchent sur les questions budgétaires pour nourrir le programme du futur candidat Macron . Alors qu’il prônait il y a peu une certaine stabilité fiscale , il estime désormais que de nouvelles baisses d’impôts sont possibles durant le prochain quinquennat grâce à la vigueur nouvelle de l’économie française.
Cette position rejoint celle du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui avait plaidé en fin de semaine dernière pour une nouvelle baisse des impôts de production . Le signe que la majorité est allante sur la question des baisses d’impôts pour le prochain quinquennat, malgré le contexte budgétaire.
Jugez-vous le retour du déficit public à 3 % du PIB en 2027 encore atteignable ?
Cet objectif de redressement de nos comptes publics est tout à fait réalisable. Il faut prendre conscience que notre économie va sans doute sortir renforcée de cette crise, grâce aux investissements que nous avons réalisés depuis deux ans, en soutien des entreprises et pour la relance ou « France 2030 » . Le rebond nous fait changer de marche, et je m’attends à une croissance pour la France en 2027 supérieure d’un demi-point à ce qu’elle était avant crise, soit proche de 2 %. Il faut donc s’attendre à des recettes durablement plus élevées, qui vont faciliter la réduction du déficit.
N’est-ce pas un pari de miser sur la croissance ?
Absolument pas, on peut redresser les comptes publics sans austérité dans un contexte de taux d’intérêt bas. La priorité doit être donnée à la croissance et à l’emploi, il faut sortir d’une vision strictement comptable. Et puis notre majorité peut se prévaloir d’un certain savoir-faire, qui nous avait permis avant la crise de faire revenir durablement le déficit sous 3 %. Tout le contraire de ce qu’avait réalisé Valérie Pécresse quand elle était ministre du Budget il y a une dizaine d’années, avec à la clé de l’austérité et une hausse de l’endettement et des impôts dans le même temps.
Des économies seront-elles nécessaires ?
La première des économies, c’est d’avoir une activité florissante, avec des Français qui travaillent et qui cotisent. Cela n’empêche pas de faire certaines réformes structurelles, je pense notamment à la réforme des retraites, qui nous mettrait par exemple sur une trajectoire financière pertinente. Au total, j’estime qu’environ 20 milliards d’euros d’économies sur le prochain quinquennat pourraient être nécessaires pour tenir nos objectifs. D’autant qu’il faudra aussi sans doute des dépenses nouvelles pour répondre aux besoins de renforcement de certains services publics comme la santé, l’éducation ou la sécurité.
Faut-il réduire les effectifs de la fonction publique, comme Valérie Pécresse le propose ?
Avoir des objectifs chiffrés en la matière, ce n’est pas la priorité et c’est même une mauvaise façon de conduire les politiques publiques. Il est possible de réduire les effectifs de fonctionnaires, mais cela doit résulter de la transformation des administrations et des services publics.
Y a-t-il encore des marges de manoeuvre pour baisser les impôts durant le prochain quinquennat ?
Je pense que nous devons continuer à baisser la fiscalité, aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, même si cela ne sera sans doute pas aussi important que les 52 milliards que nous venons d’accorder sur ce quinquennat. Rappelons qu’en un mandat, nous sommes revenus au niveau de 2010 ! Pour la suite, si nous arrivons à une nouvelle baisse des impôts de production par exemple , je signe tout de suite. Il faut aussi un nouvel effort pour les ménages.