Les futurs étudiants en médecine générale devraient avoir plus de choix que prévu pour se former sur le terrain. Le gouvernement compte leur permettre de réaliser, « à titre exceptionnel » , un stage « en milieu hospitalier » dans le cadre de la quatrième année de spécialisation en médecine générale qu’il s’apprête à créer malgré des protestations.
« J’ai écouté les représentants étudiants qui m’ont dit : ‘On a des parcours quand même très particuliers avec des gens qui font médecine générale mais qui veulent partir sur de la santé publique, sur des choses comme cela’ », a expliqué le ministre de la Santé, François Braun, invité par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) ce mardi.
Concrètement, l’exécutif a déposé un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale , en discussion au Sénat cette semaine, qui prévoit de créer cette nouvelle année de formation des médecins généralistes pour mettre en cohérence leurs études avec celles prévues pour d’autres spécialités.
Priorité aux déserts médicaux
Cette nouvelle année de troisième cycle doit familiariser les étudiants avec la médecine de ville et ainsi favoriser leur installation à la sortie des études. Pressé de répondre au problème des déserts médicaux, le gouvernement a aussi proposé que ces stages effectués « exclusivement en pratique ambulatoire » soient proposés « en priorité dans des zones où la démographie médicale est sous-dense ».
De quoi susciter des protestations dans le camp des internes, inquiets de pouvoir faire leur stage là où bon leur semble et à proximité de leur famille. L’Intersyndicale nationale des internes (Isni) a appelé à manifester le 17 novembre pour « dire non à la coercition ». Elle continue de demander le retrait de la quatrième année du projet de loi mais le fait que cette année « ne soit pas faite qu’en ambulatoire » est une de ses demandes pour « véritablement répondre aux projets professionnels », reconnaît sa présidente, Olivia Fraigneau.
« L’objectif ce n’est pas que les hôpitaux aspirent ces médecins de médecine générale, c’est d’abord un exercice ambulatoire », a toutefois insisté François Braun ce mardi. « Cela reste exceptionnel, cela reste en fonction de l’avis du coordonnateur de la spécialité la possibilité de ne pas faire les deux stages [NDLR de six mois] en ambulatoire ».
A partir de la rentrée 2023
L’amendement précise que les étudiants pourront notamment accomplir un stage « au sein des hôpitaux de proximité, des centres hospitaliers, des centres de lutte contre le cancer ou des soins de suite et de réadaptation ». Le gouvernement avait écourté les débats à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale en recourant à l’article 49.3 mais avait déjà revu sa copie sur la quatrième année pour répondre aux préoccupations de députés sur la supervision des stages et la rémunération des étudiants.
Pour préciser les « conditions de succès » de la réforme censée s’appliquer à partir de la rentrée universitaire 2023, le gouvernement a par ailleurs confié une mission à des professeurs en médecine. Ses conclusions sont attendues d’ici à la fin de l’année.