Le gouvernement s’engage à mieux anticiper le vieillissement de la population

L'exécutif promet une loi de programmation sur la question du grand âge et assure qu'il va veiller à la coordination des politiques publiques en faveur des personnes âgées. Une volonté saluée même si les moyens mis sur la table restent à préciser.


Le gouvernement promet de mieux anticiper les besoins liés au vieillissement de la population et de coordonner davantage les politiques publiques en faveur des personnes âgées et de leurs proches. Une volonté saluée par les professionnels du secteur même si l’exécutif ne détaille pas les moyens qui seront mis sur la table et ne précise pas les réformes qu’il compte porter.

« Comme la transition écologique, la transition démographique nécessite une planification », a défendu vendredi la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, en présentant la stratégie du gouvernement sur le « bien vieillir », attendue de longue date.

Annonce « substantielle »

Intervenant devant un large panel d’acteurs de spécialistes de la dépendance et aux côtés de plusieurs membres du gouvernement, la ministre a promis de « faire aboutir » une « loi de programmation » sur le sujet du « grand âge ».

« C’est une annonce substantielle. Les lois pluriannuelles telles que celles-là permettent d’identifier les besoins et de déterminer comment on fait pour y arriver », estime Dominique Libault, ancien directeur de la Sécurité sociale et connaisseur reconnu des questions liées au grand âge.

« Enfin, comme on le fait avec la Défense, avec l’Education, on peut avoir une loi qui programme l’effort budgétaire sur plusieurs années en fonction de l’évolution démographique », se félicite Luc Broussy, président de France Silver Eco, une association qui fédère des acteurs spécialisés dans l’accompagnement des seniors.

Celui-ci se réjouit aussi de la proposition faite de créer un comité interministériel. De quoi veiller à ce que ce ne soit pas seulement les politiques sociales qui soient adaptées à l’augmentation des personnes âgées dépendantes mais aussi les politiques du logement, du transport, du sport, etc.

Des outils sur la table

« Les pouvoirs publics ont enfin pris la mesure du vieillissement démographique et des difficultés rencontrées par l’ensemble des acteurs du secteur », juge Jean-Christophe Amarantinis, le président du Synerpa, le lobby des Ehpad et services d’aide à domicile privés. « Il y a une volonté. Il y a des outils mis sur la table, on le salue », considère Marc Bourquin à la Fédération Hospitalière de France.

Sous le précédent quinquennat d’Emmanuel Macron, l’exécutif avait promis à plusieurs reprises une loi sur le grand âge. Sans aboutir. Mais il a créé une cinquième branche de la Sécurité sociale pour gérer le risque de perte d’autonomie des seniors.

Les acteurs du secteur n’ont eu de cesse ces dernières années de réclamer plus d’anticipation et de moyens face à l’augmentation du nombre de personnes dépendantes. Plus récemment, les alertes se sont multipliées sur les difficultés financières des Ehpad et services d’aide à domicile.

Manque d’avancées concrètes

Le gouvernement avait promis d’avancer dans le cadre du Conseil national de la refondation. Et la majorité a proposé l’hiver dernier de plancher sur une proposition de loi sur le bien vieillir. Mais celle-ci ne contient pas de mesures structurantes. Ce qui a fait beaucoup de déçus dans le secteur.

Après une interruption de plusieurs mois, sa discussion doit reprendre dès ce lundi à l’Assemblée nationale. Vendredi, Aurore Bergé a promis qu’elle devrait consacrer le principe de « simplification des financements des services d’aide à domicile ».

Concrètement, des travaux seront ensuite lancés avec des départements pour « sortir de la logique de tarification à l’heure » et « valoriser les temps dits invisibles ». Les temps de déplacements, de réunions des auxiliaires de vie des personnes âgées ne sont pas financés par les aides sociales aujourd’hui. Si bien que ces aides ont des conditions de travail réputées pénibles mais des rémunérations souvent très faibles.

Difficultés de recrutement

« J’espère qu’il y aura plus de moyens mis sur la table », réagit Dafna Mouchenik, fondatrice d’un service d’aide à domicile LogiVitae. Celle-ci ne cache pas une certaine déception devant le manque d’avancées concrètes sur le financement des services d’aide à domicile et le risque que les politiques soient différenciées selon les départements.

A l’heure où le secteur doit faire face à des difficultés de recrutement très importantes, l’exécutif a par ailleurs annoncé un « protocole d’accord entre l’Etat et les fédérations » pour faciliter les embauches en Ehpad, ainsi que la création d’une « délégation interministérielle aux métiers du social, du médico-social et du soin ».


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