Le message est clair. Tout comme le gouvernement assure faire du pouvoir d’achat l’un de ses principaux combats, il en va de même pour l’accès au crédit immobilier, même dans ce contexte de crises multiples. « Nous souhaitons que les ménages puissent continuer à financer leurs achats immobiliers dans des conditions favorables, c’est le point que nous surveillons le plus près », a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, à l’issue de la réunion du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) qui a eu lieu ce jeudi.
Le ministre est même allé plus loin, affirmant que la conjoncture actuelle est particulièrement favorable à la réalisation d’un projet immobilier. « Avec un taux immobilier à 1,1 % ou 1,2 % par an sur 25 ans et une inflation à près de 3 % nous sommes toujours sur des taux réels négatifs, a-t-il dit. Donc les conditions de financement des ménages restent particulièrement attractives en France. C’est le plus important pour nous. »
Cette prise de parole du ministre – inhabituelle à l’issue de cette réunion trimestrielle – témoigne, à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, de l’importance de ce sujet pour le gouvernement. Emmanuel Macron a placé la protection du pouvoir d’achat des Français parmi ses priorités pour tenter d’assurer sa réélection. Il a ainsi multiplié les mesures visant à immuniser les ménages des conséquences de l’inflation, et notamment contre la hausse des prix de l’énergie.
Le marché bien préparé
Bien que Bercy estime qu’il n’y a pas encore de « spirale inflationniste », le ministère reconnaît que les tensions sur les prix pourraient encore s’accentuer dans le sillage de la guerre en Ukraine qui perturbe grandement les approvisionnements en gaz et en pétrole russe. Mais pour le HCSF, le marché du crédit immobilier est bien préparé pour y faire face.
D’abord, le ministère a rappelé que les « coussins prudentiels », c’est-à-dire le capital mis de côté par les banques pour faire face au risque de défaut, vont passer en 2023 de 0 à 0,5 % , suite à une décision du HCSF prise en décembre dernier. Il s’agit d’un côté de s’assurer que les banques disposent de réserves suffisantes pour faire face à un risque de défaut mais, également, qu’elles font preuve « de la prudence nécessaire sur les conditions de financement », a précisé Bercy.
Par ailleurs, malgré l’inflation galopante, les ménages ne devraient pas avoir de difficulté à rembourser leur crédit, ont assuré des sources proches du HCSF. D’un côté, les ménages sont en partie protégés par les mesures prises par le gouvernement sur les tarifs de l’énergie. De l’autre, le HCSF a fait en sorte que les crédits en cours sont globalement sains, c’est-à-dire qu’ils ne mettent pas en danger l’emprunteur, assurent ces sources.
Depuis fin 2019, l’instance a en effet publié des recommandations pour encadrer les conditions d’octroi – taux d’endettement de 35 % maximum, des prêts de 25 ans maximum -, qui ont été gravées dans la loi le 1er janvier. « La crise actuelle montre la pertinence de ces décisions, assurent ces sources. Aujourd’hui, plusieurs pays européens nous envient ce cadre réglementaire qui permet d’éviter les dérives. »