Le gouvernement veut instaurer le vote par anticipation

Un amendement déposé mardi au Sénat instaure le vote anticipé dans certains bureaux, à l'aide de « machines à voter », pour la présidentielle de 2022. La mesure constituerait une première en France, mais elle est loin de faire consensus chez les parlementaires.


A man casts his vote at a polling station in the 5th district of Paris for the second round of the mayoral elections on June 28, 2020. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

Surprise au Sénat, où le gouvernement a déposé mardi matin un amendement au projet de loi sur l’organisation de l’élection présidentielle de 2022 afin de permettre le vote par anticipation. Des « machines à voter » seraient mises en place pour faciliter l’opération. Seuls certains bureaux, dont le nombre et l’emplacement seront définis par le ministère de l’Intérieur, permettraient aux électeurs de s’exprimer à l’avance. Quant à la date à partir de laquelle il sera possible de voter, elle sera « prévue par décret pris au plus tard le sixième vendredi précédent le scrutin ».

Logiquement, un électeur ne pourra pas voter deux fois. Une fois son vote anticipé pris en compte, il ne lui sera plus possible de donner procuration et – évidemment – de voter le jour du scrutin.

Si elle est adoptée par les parlementaires, cette mesure constituera une première en France, alors qu’elle est déjà en place dans plusieurs pays (Allemagne, Suisse, Canada, Etats-Unis). Elle pourrait alors fournir une nouvelle arme contre l’abstention, qui a battu des records lors des dernières élections municipales. En janvier, le MoDem avait d’ailleurs formulé plusieurs propositions pour enrayer le phénomène. Parmi celles-ci, l’instauration d’une dose de proportionnelle ou l’introduction du vote par correspondance.

Des modalités à éclaircir

L’initiative gouvernementale semble donc aller dans ce sens. Pour autant, celle-ci a pris tout le monde de court, y compris au sein de la majorité. Et dans les rangs du Sénat, on s’interroge sur la forme comme sur le fond. « On ne sait pas d’où ça vient. Pourquoi maintenant, et comme ça, on n’y comprend rien », soupire Hervé Marseille, le président du groupe Union Centriste à la chambre haute. D’autant que les modalités de l’opération restent à éclaircir. « Où seront disposées les machines à voter ? Qui va les payer ? Sous quelle responsabilité seront-elles placées ? », s’interroge Hervé Marseille.

Le texte déjà adopté par l’Assemblée nationale en janvier doit être soumis jeudi en séance publique au Sénat. Auparavant, l’amendement aura été examiné mercredi par la commission des Lois, qui devrait le repousser, selon la majorité sénatoriale. Il sera ensuite présenté le lendemain au vote de tous les sénateurs.


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