C’est à chaque fois le même scénario et c’est plutôt rassurant pour l’économie. On rouvre et mécaniquement, l’espoir renaît. Le climat des affaires, calculé chaque mois par l’Insee auprès de 10.000 entreprises, a fortement rebondi en décembre, dès le début de l’allègement des restrictions sanitaires , a indiqué ce jeudi matin l’Institut. Il est passé de 79 points en novembre à 91 points en décembre. Il reste certes en dessous de sa moyenne de long terme qui s’établit à 100 points mais il a retrouvé à peu près son niveau de septembre et octobre, au moment où l’activité économique tournait correctement pour beaucoup d’entreprises, à part pour quelques secteurs comme l’hôtellerie-restauration, la culture et le tourisme.
Dans le commerce de détail et les services, les secteurs les plus touchés par les mesures sanitaires et les fermetures administratives, le moral des patrons français aussi a rebondi. D’ailleurs, l’Insee souligne que « les chefs d’entreprise sont nettement moins pessimistes qu’en novembre sur l’activité à venir pour les trois prochains mois, qu’il s’agisse de l’activité de leur secteur dans son ensemble ou de celle de leur propre entreprise ». Le pouvoir d’achat des ménages a en effet été préservé grâce aux mesures gouvernementales et la consommation a pu repartir dès l’ouverture des magasins , nourrissant ainsi un certain optimisme des chefs d’entreprise.
Tout ne va pas bien pour autant. Ainsi, assez logiquement, les patrons dans l’hôtellerie-restauration ou les activités immobilières sont toujours très pessimistes. Les industriels disent aussi que leurs carnets de commandes globaux se sont détériorés ces dernières semaines. Et le climat de l’emploi reste mauvais, ce qui augure d’une reprise très lente des embauches .
Les craintes sur l’emploi
« Il existe un risque pour l’emploi en 2021 », estime Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. « Il y a un effet retardé du choc récessif sur le marché du travail », explique-t-elle. Le dispositif d’activité partielle a permis aux entreprises de garder leur main-d’oeuvre. Si le PIB devrait reculer de 9 % cette année, le nombre d’emploi devrait baisser de l’ordre de 2 % à 3 %. L’économie française devrait détruire environ 750.000 postes cette année alors que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a calculé que, sans les mesures de soutien aux entreprises, elle en aurait supprimé 2,5 millions.
La solidarité nationale et le « quoi qu’il en coûte » du président de la République auraient donc permis de sauver près de 2 millions d’emplois. Mais 2021 ne sonnera pas pour autant la reprise des embauches tout de suite. Selon Véronique Janod, économiste chez Natixis, « les destructions d’emplois devraient se poursuivre jusqu’à mi-2021 ». Et Hélène Baudchon explique que « les destructions ont été moindres pendant la crise mais les créations d’emplois seront aussi mécaniquement moins fortes en sortie de récession, d’autant que, leur taux de marge ayant baissé en 2020, les entreprises vont avoir besoin de retrouver de la productivité l’an prochain ».