Le déconfinement a remis du baume au coeur des chefs d’entreprise français. Le climat des affaires, calculé chaque mois par l’Insee auprès de 10.000 entreprises, a fortement grimpé au mois de juin, ce qui est de bon augure pour la suite de l’année. L’indice qui synthétise le moral des patrons a gagné 18 points en juin et se retrouve à 78 points. C’est plus que le plus bas atteint lors de la crise qui a suivi la faillite de Lehman Brothers puisqu’en mars 2009, l’indice était tombé à seulement 70 points. Mais, comme le remarque l’Insee, le niveau du climat des affaires en juin « reste très en deçà de sa moyenne de long terme », qui est de 100 points.
Reste que, comme dans le reste de l’Europe, les entreprises sont plus optimistes et ce constat est valable dans tous les secteurs d’activité. Dans l’industrie, les chefs d’entreprise positifs sur leurs perspectives de production sont même désormais plus nombreux que les pessimistes. En revanche, les carnets de commandes, particulièrement celles venant de l’étranger, apparaissent encore dégarnis. Dans les services, l’amélioration est aussi notable, même dans l’hébergement-restauration. Dans le commerce de détail, les ventes prévues par les commerçants se rapprochent de leur moyenne de long terme.
« Rythme ralenti »
En ce qui concerne l’emploi, le climat reste dégradé. Mais là encore, la reprise se fait sentir. Selon les chiffres de l’Acoss, l’organisme qui gère les cotisations sociales, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois a hors intérim augmenté de 75,9 % en mai. Cela ne suffit toutefois pas encore à rattraper le coup d’arrêt qu’a connu le marché du travail lors du confinement puisque, sur trois mois, la baisse atteint tout de même 53 %.
La reprise est donc lancée. Mais il est encore trop pour être sûr de son ampleur. Il est en effet logique que les enquêtes auprès des chefs d’entreprise rebondissent après deux mois d’hibernation complète de l’économie. L’Insee table sur un recul de 17 % du PIB au deuxième trimestre. Mais il faudra attendre la rentrée de septembre pour réellement juger de l’ampleur de la reprise.
Pour Julien Manceaux, économiste chez ING, « le rebond de l’économie devrait être important en 2021 (+6,5 %) mais sera insuffisant pour rattraper le niveau de PIB d’avant le confinement. La demande intérieure va se redresser, mais à un rythme ralenti en raison de la prudence généralisée des entreprises à l’égard des investissements futurs et de la hausse du chômage. D’autre part, les exportations nettes devraient également peser sur la croissance ». Pour lui, « les exportations françaises mettront du temps à se redresser tandis que les importations seront alimentées par la reprise de la demande intérieure ».