Le seuil est symbolique. Quatorze mois après le démarrage du premier confinement , le nombre d’allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) est quasiment revenu à son niveau d’avant la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid. Selon les statistiques que vient de publier la Direction de la recherche du ministère des Solidarités et de la Santé, 1.941.100 personnes ont touché le Revenu de solidarité active en mai dernier, contre 1.926.000 en février 2020.
Lors du premier confinement, après s’être quasi stabilisé depuis 2017, il avait bondi, dépassant les 2 millions en juin 2020. La hausse s’était poursuivie jusqu’en novembre 2020 où il avait atteint un record inégalé, à plus de 2.070.000. La tendance s’est inversée le mois suivant, mais il a fallu attendre mars 2021 pour que le nombre d’allocataires du RSA revienne sous les 2 millions, un plafond jamais franchi jusqu’à l’été dernier .
Amélioration du marché du travail
Ce mouvement de baisse est à mettre en relation avec l’amélioration du marché du travail dont les indices se multiplient. Portées par la reprise, les embauches en contrats longs ont atteint un niveau record au deuxième trimestre d’après l’Urssaf. Alors que l’Insee fera connaître vendredi le taux de chômage au sens du Bureau international du travail au deuxième trimestre 2021, les données publiées par le ministère du Travail la semaine dernière font état d’ une baisse significative du nombre de demandeurs d’emploi et du fait que les risques d’une explosion du nombre de plans de sauvegarde de l’emploi s’éloignent.
La hausse des allocataires du RSA n’a en effet pas résulté d’une flambée du nombre de « primo allocataires » n’ayant jamais touché le RSA . Ce sont surtout d’anciens allocataires qui ont rechuté du fait de l’arrêt de l’activité économique, a constaté la Caisse nationale d’allocations familiales. Dans une étude publiée en avril portant sur les premiers mois de baisse des effectifs du Revenu de solidarité active, la CNAF soulignait que la dynamique enclenchée s’expliquait « par la reprise d’activité à l’automne, dont les effets se manifestent jusqu’en 2021 en raison des modalités de déclaration des ressources », qui reposent sur un calcul trimestriel des revenus.
Fortes incertitudes
Plusieurs incertitudes incitent cependant à la prudence sur les perspectives d’évolution du RSA dans les prochains mois. Il y a bien sûr l’impact que la diffusion du variant Delta aura sur l’activité. Mais aussi les évolutions à venir de l’assurance-chômage. Premier sujet : le prolongement des droits à indemnisation renouvelé plusieurs fois depuis la crise s’est interrompu en juin. Les chiffres du RSA à venir seront donc à surveiller de près.
Deuxième sujet : le durcissement du seuil de déclenchement du droit à indemnisation. A priori fin novembre-début décembre , il ne suffira plus de quatre mois de travail dans les vingt-huit derniers mois pour avoir droit à une indemnisation. L’exigence passera à six mois, ce qui pourrait faire basculer les actifs auxquels il manquera des périodes d’activité vers le RSA.
Le troisième sujet est la fin de la prolongation des droits à indemnisation des intermittents du spectacle. L’année blanche accordée par le gouvernement s’achève en août. Mais ils ont bénéficié d’un sursis supplémentaire de quatre mois, jusqu’en décembre . Dans l’incapacité de justifier d’un nombre d’heures de travail suffisant, une partie des intermittents indemnisés pourraient basculer dans le RSA.