Alors que la question du pouvoir d’achat reste le premier sujet d’inquiétude des Français, la dernière note de conjoncture de l’Insee publiée devrait leur mettre un peu de baume au coeur. Le pouvoir d’achat devrait progresser nettement au cours des prochains mois. Malgré un début d’année difficile (-0,4 % au premier trimestre), il augmenterait de 1,2 % sur l’ensemble de 2023 selon l’institut de la statistique.
Cette évolution est bien plus favorable que la hausse de 0,5 % envisagée en juin dernier et très proche des prévisions de Bercy (+1,3 %). Mesuré par unité de consommation, le pouvoir d’achat progresserait de 0,7 % après un recul de 0,4 % en 2022.
Revenus d’activité et du patrimoine en hausse
« La dynamique des salaires est en train de rejoindre la hausse des prix », explique Julien Pouget, chef du département conjoncture de l’Insee. Au second semestre, le salaire moyen par tête (SMPT) progresserait plus vite que l’inflation dopée une nouvelle fois par le versement de la prime de partage de la valeur (« prime Macron ») en fin d’année . En 2023, la hausse du SMPT atteindrait ainsi 5 %, soit un niveau similaire à celui de l’inflation moyenne attendue. Grâce aux créations d’emplois, les revenus d’activité accéléreraient de 5,7 %.
En parallèle, les revenus du patrimoine (dividendes, intérêts tirés des placements) augmenteraient fortement. L’Etat continue aussi à soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Les prestations sociales évolueront au même rythme que les prix.
Les écarts d’inflation se réduisent
Même si la volatilité des cours du pétrole reste un « point de vigilance », surtout avec les nouvelles tensions géopolitiques au Moyen-Orient, l’Insee estime que l’inflation devrait continuer de ralentir et tomber à 4,4 % sur un an en décembre. D’un mois sur l’autre, les prix des produits alimentaires seraient quasiment stables d’ici à la fin de l’année.
« En août, l’alimentation restait le premier facteur d’écart d’inflation entre catégories de ménages », souligne l’institut de la statistique. Grâce à cette accalmie également visible sur les prix de l’énergie, les disparités d’inflation d’un ménage à l’autre se sont néanmoins réduites par rapport au début de l’année.
Même si la pression sur le porte-monnaie reste forte, la consommation pourrait retrouver un peu d’élan. Selon l’Insee, les dépenses des ménages, qui représentent plus de la moitié du PIB tricolore, rebondiraient de 0,4 % au troisième trimestre puis de 0,2 % au quatrième – ce qui n’empêcherait pas un recul de 0,2 % sur l’ensemble de 2023.
La croissance économique sur la seconde partie de l’année serait toutefois modeste (+ 0,1 % au troisième trimestre et + 0,2 % au cours des trois mois suivants) mais permettrait à l’économie française de progresser de 0,9 % en 2023.
Nombreuses incertitudes
L’année 2024 démarrerait ainsi avec un « acquis de croissance » faible de 0,4 %. Ce, au moment où le niveau élevé des taux d’intérêt devrait se faire sentir de plus en plus durement. Alors que l’investissement des ménages – c’est-à-dire les achats immobiliers – poursuit sa glissade, celui des entreprises pourrait commencer à fléchir dès le quatrième trimestre de cette année, alerte l’Insee. Avec le ralentissement de l’activité, l’emploi stagnerait au second semestre.
En cette fin d’année, les incertitudes sont nombreuses. L’ampleur des effets des resserrements monétaires reste difficile à prévoir. Les risques géopolitiques sont montés d’un cran, l’attaque du Hamas contre Israël ajoutant de nouvelles incertitudes sur l’évolution du prix du baril de pétrole. Et l’arbitrage des ménages entre consommer ou épargner sera décisif.
