Une perquisition est en cours, ce mardi, au siège français du cabinet de conseil McKinsey, avenue des Champs-Elysées à Paris. Cette intervention, confirmée à l’AFP par le parquet national financier (PNF), prend place dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Le cabinet de conseil a ensuite confirmé la tenue « d’opérations de visite » à son siège, assurant avoir fourni « l’ensemble des informations requises ». « Le cabinet collabore pleinement avec les autorités publiques, comme cela a toujours été le cas. McKinsey réaffirme que le cabinet respecte les règles fiscales et sociales françaises qui lui sont applicables », a réagi l’entreprise.
Cette enquête fait suite au rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Les entités françaises du cabinet McKinsey y étaient accusées d’avoir mis en place un montage fiscal leur permettant de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Zéro euro d’impôts depuis dix ans
La commission d’enquête conduite par les sénateurs Arnaud Bazin et Eliane Assassi reproche en effet au cabinet américain de ne pas avoir payé d’impôt sur les sociétés en France depuis au moins dix ans. Dans le cadre de ses investigations, deux contrôles sur pièces et sur place ont été menés au ministère de l’Economie et des Finances.
Les sénateurs se sont penchés sur les documents relatifs aux années 2011 à 2020, concernant les deux principales entités de McKinsey enregistrées en France : McKinsey & Company Inc. France et McKinsey & Company SAS. « Le constat est clair : le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans, alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5 % dans le secteur public, et qu’il y emploie environ 600 salariés », tacle le rapport des sénateurs.
Ce qu’on a vite appelé « l’affaire McKinsey » a éclaté en pleine campagne présidentielle. Fin mars, peu de temps avant le premier tour, l’opposition à Emmanuel Macron s’était appuyée sur ce rapport pour faire monter l’antimacronisme et réactiver l’image de président des riches.