Après la stagnation surprise du troisième trimestre , le retour de la baisse. Le taux de chômage mesuré au sens du Bureau international du travail, devrait passer de 8,1 % à 7,8 % de la population active en moyenne sur le quatrième trimestre, prévoit l’Insee dans sa note de conjoncture publié mardi. Il perdrait encore 0,1 point chacun des deux premiers trimestres de l’année prochaine, pour atteindre 7,6 % fin juin, quand une nouvelle majorité issue des urnes sera aux manettes.
A ce niveau, la France resterait au-dessus de la moyenne européenne, loin des champions allemand ou hollandais, malgré une très nette amélioration par rapport à 2017 (9,5 % lorsque Emmanuel Macron a été élu). A ceci près que cette prévision comporte une grosse incertitude entourant l’évolution de la population active, a souligné l’institut statistique.
L’effet structurel de l’apprentissage
Déjà difficile à évaluer en période normale, l’évolution du chômage l’est encore plus du fait de la crise du Covid, qui a occasionné de très forts mouvements de balancier entre personnes entrant et sortant du marché du travail. Mais aussi du fait de l’effet désormais structurel sur l’emploi des jeunes de la réforme de l’apprentissage de 2018 . Au point que la très forte progression du nombre de contrats de travail en alternance explique en grande partie l’ampleur « inédite » du rebond de la population active au troisième trimestre .
L’effet est tel que l’Insee l’intègre, et c’est nouveau, dans ses calculs des évolutions de la population active (contrats de professionnalisation inclus). L’apprentissage a en effet ceci de particulier que les jeunes seraient en très grande majorité restés en études classiques, donc inactifs au sens statistique, sans choisir cette voie. « Nous sommes obligés d’en tenir compte vu le taux d’activité historiquement élevé des jeunes », confirme le chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l’Insee, Sylvain Larrieu.
Par « contrecoup », l’Insee s’attend à un léger repli de la population active au quatrième trimestre, du fait d’un rebond du nombre de personnes qui se mettent en marge du marché du travail (ce qu’on appelle le halo du chômage). Elle augmenterait ensuite quelque peu sur les six premiers mois de 2022, retrouvant son évolution tendancielle ajustée.
Ralentissement des créations d’emplois
En parallèle, l’Insee prévoit toujours un ralentissement des créations d’emplois salariés, conséquence en premier lieu de celui de l’activité, le secteur tertiaire marchand conservant son rôle de locomotive : +45.000 au dernier trimestre de cette année après +108.000 au précédent ; +35.000 et +45.000 sur les deux premiers de 2022. En rajoutant les emplois non salariés, l’emploi total dépasserait à l’été 2022 de 387.000 son niveau de fin 2019, ce qui ne manque toujours pas d’étonner .
Conclusion, la croissance prévue de la population active étant inférieure à celle de l’emploi, le taux de chômage est appelé à retrouver un rythme de baisse graduelle de 0,1 point par trimestre. Comme c’était le cas avant la crise. La très forte hausse du nombre de contrats d’apprentissage attendue cette année ( près de 700.000, employeurs privés et publics confondus) , dont une très grande partie signée sur les trois derniers mois de l’année, pourrait toutefois réduire le mouvement.