C’est un portrait fouillé que vient de livrer la direction de la recherche du ministère du travail (Dares) sur la situation en 2021 des 4,7 millions d’immigrés et des 4 millions de descendants d’immigrés en âge de travailler, soit un peu plus d’une personne sur cinq âgée de 15 à 64 ans.
Premier constat : la ségrégation professionnelle continue d’être fortement marquée sur le marché du travail, avec une surreprésentation des actifs d’origine immigrée parmi les ouvriers et les employés et une sous-représentation chez les cadres. Mais elle a tendance à s’atténuer chez les descendants d’immigrés. La Dares a, en effet, calculé que sur les années 2018-2020, il suffirait que 10,3 % des descendants d’immigrés changent de métier pour que la répartition par métier soit identique à celle des personnes en emploi sans ascendance migratoire. Le pourcentage de transfert entre les métiers devrait en revanche être très élevé afin d’aboutir à ce résultat pour les immigrés, puisqu’il dépasse les 25 %.
Les actifs d’origine étrangère ont bénéficié comme les autres de l’amélioration du marché du travail , note aussi le ministère du Travail, provoquant une baisse de leur taux de chômage. Il n’en reste pas moins à un niveau très supérieur à celui des autres actifs, à 12,7 % pour les immigrés et 11,6 % pour les descendants d’immigrés, en comparaison de 6,8 % pour les personnes sans ascendance migratoire. Toutefois, cet écart a eu tendance à diminuer ces dernières années, souligne la Dares.
Ségrégation professionnelle
C’est, en particulier, vrai pour la population d’origine africaine. Elle reste de loin la plus touchée par le chômage, avec un taux de 15,3 % pour les immigrés de cette origine et de 15,6 % pour leurs descendants. Mais l’écart avec les actifs sans ascendance immigrée est passé de près de 14 points en 2015 à moins de 9 points en 2021.
La probabilité d’être au chômage a aussi baissé pour cette population. Elle est passée du record de 2,57 en 2014 à 1,96 en 2021, à la suite d’un mouvement quasiment continu de baisse sur la période. Pour leurs descendants, l’amélioration a été moins régulière et franche, avec une succession de baisses et de ressauts après le plafond de 2,26 atteint en 2010, et un minimum de 1,78 en 2015. En 2021, elle est tout de même revenue à 1,96.
Les immigrés et leurs descendants sont par ailleurs plus touchés que les autres par la précarité. Ainsi, en 2021, selon l’étude du ministère du Travail, près de 20 % des premiers étaient en contrat temporaire (intérim ou CDD) et plus de 17 % des seconds, contre environ 14 % des personnes sans ascendant immigré. Et les personnes d’origine extra-européenne étaient encore plus concernées par ces contrats courts. Les immigrés en général et les descendants d’origine africaine sont aussi plus fréquemment que les autres à temps partiel.