La chute est moins forte qu’au premier trimestre , mais elle reste conséquente. Après avoir baissé de 2,5 % entre janvier et mars, l’emploi salarié privé a diminué de 0,6 % entre avril et juin, selon les données publiées ce vendredi matin par l’Insee.
Cela représente 119.400 emplois perdus, après déjà 497.500 le trimestre précédent. Sur un an, les pertes atteignent désormais 480.800 postes.
Ampleur historique
Les données sur l’emploi marchand non agricole, comprenant l’industrie, la construction et le tertiaire marchand, permettent de mesurer l’ampleur historique de la chute à la suite de la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19 . La contraction de 3,4 % est la plus forte baisse sur un semestre depuis le début de la série, en 1970, et c’est deux fois plus que le choc encaissé par l’économie française avec la crise des subprimes.
Au deuxième trimestre, l’industrie a encore plus souffert qu’au premier, doublant la baisse de ses effectifs salariés, avec -24.300 postes contre -12.100 au premier trimestre. Les services aussi, marchands comme non marchands, ont accusé encore des pertes (respectivement -71.700 et -22.800). Pour autant, les chiffres publiés par l’Insee recèlent aussi des éléments, notamment du côté du travail temporaire, qui sans laisser espérer un redressement rapide sont des indices positifs. Après avoir chuté de plus de 300.000 postes au premier trimestre, l’intérim a rebondi, avec 108.100 postes créés au deuxième.
Le rôle d’amortisseur social du chômage partiel
Autre élément dynamique : la construction a recommencé à créer des emplois. Même si les 3.700 postes recensés ne compensent pas les 5.600 perdus au premier trimestre, cela lui a permis de retrouver quasiment son niveau d’avant la crise, souligne l’Insee.
Le ralentissement des destructions d’emploi ne doit cependant pas provoquer un excès d’optimisme. Il ne faut pas oublier qu’entre mars et juin, les entreprises françaises ont massivement utilisé le dispositif de chômage partiel qui a joué un rôle majeur d’amortisseur social. Ses conditions d’octroi ont été resserrées début juin et un nouveau tour de vis est prévu à la rentrée en limitant son attrait, ce qui risque de peser sur les chiffres de l’emploi salarié du troisième trimestre. Tout le monde s’attend à la rentrée à une montée en flèche des licenciements.