Jusqu’ici, tout ne va pas si mal. C’est en tout cas ce que pensent les économistes de la Commission européenne . L’économie française devrait plutôt mieux résister que celle de ses voisins.
Bruxelles table sur une croissance de 3,1 % du PIB français cette année, plus élevée que celle attendue pour la zone euro. C’est presque deux fois la performance allemande, dont le PIB devrait croître de 1,6 % seulement en 2022.
L’Hexagone est un des pays européens dont la croissance a le moins été revue à la baisse par les économistes de la Commission depuis l’automne dernier, c’est-à-dire avant que la Russie déclenche la guerre en Ukraine.
Une inflation prise en charge par les finances publiques
Ce relatif optimisme tient en grande partie à la bonne tenue de la consommation, qui s’explique elle-même par le fait que l’inflation est plus basse en France que dans les autres pays de la zone euro. Le gouvernement français a en effet multiplié les mesures pour limiter l’impact de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des ménages. C’est l’Etat qui prend à sa charge la hausse du coût de l’énergie, via le plafonnement du prix de l’électricité, la prise en charge de 18 centimes par litre de carburant ou encore le chèque inflation.
Ainsi, la France est un des pays de la zone euro, avec la Finlande et le Portugal, à afficher l’inflation la plus faible. Les prix à la consommation devraient grimper de 4,9 % dans l’Hexagone cette année, contre 6,1 % en moyenne dans la zone euro.
La baisse des salaires réels des Français, c’est-à-dire l’évolution de leur rémunération après prise en compte de l’inflation, sera aussi la plus faible de la zone euro si l’on en croit les économistes bruxellois. Les salaires réels français ne baisseraient que de 0,2 % cette année contre une chute de 2,2 % pour les travailleurs de la zone euro.
Une prévision optimiste
Enfin, autre point positif, avec cette croissance et cette inflation, c’est que la dette publique devrait légèrement reculer pour ne plus représenter que 109 points de PIB en 2023 contre 113 points à la fin 2021.
Sauf que la prudence s’impose. La prévision de Bruxelles de croissance pour la France paraît en effet bien optimiste.
Le PIB a fait du surplace au cours des trois premiers mois de l’année. Si, comme le prévoit l’Insee , la croissance atteint 0,25 % au deuxième trimestre, pour que le PIB progresse de 3,1 % sur toute l’année, il faudrait que la croissance s’élève à 0,7 % au troisième et au quatrième trimestre, selon les calculs de Denis Ferrand, directeur général de Rexecode. Avec une guerre aux portes de l’Europe, les incertitudes que cela implique, les prix des matières premières et de l’énergie qui se sont envolés et ponctionnent le pouvoir d’achat des ménages et réduisent les marges des entreprises, une telle performance paraît difficile à réaliser.