Dans sa dernière note de conjoncture en date, mi-octobre, l’Insee a fortement revu à la baisse ses prévisions d’évolution de l’emploi au second semestre, anticipant un sur-place désormais . L’estimation provisoire que l’institut national de la statistique a publiée ce vendredi matin pour le troisième trimestre va dans ce sens et même un peu plus.
De la publication, qui ne porte que sur le champ du secteur privé et qui sera confirmée ou non mi-décembre avec les chiffres définitifs, il ressort que les effectifs salariés ont reculé de 17.700 entre fin juin et fin septembre, légèrement plus qu’attendu. Soit une baisse de 0,1 %, après la hausse du même ordre lors du trimestre précédent.
PIB en berne
« Il s’agit du deuxième trimestre de quasi-stabilité après plusieurs trimestres de nette augmentation en 2021 et 2022 », a commenté l’Insee. L’emploi salarié privé excède toujours son niveau d’un an auparavant de 0,7 % (+138.800 emplois) et celui d’avant la crise sanitaire (fin 2019) de 6,0 % (+1,2 million d’emplois).
Dans le détail, l’emploi intérimaire a baissé pour le troisième trimestre consécutif, de l’équivalent de 40.000 postes, au point de se situer légèrement au-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire. Hors travail temporaire, les effectifs du privé ont connu des fortunes diverses, mais toutes modérées : -0,2 % pour l’emploi agricole ; +0,2 % dans l’industrie ; -0,3 % dans la construction ; stabilité dans le tertiaire marchand ; légère baisse dans le tertiaire non marchand…
21.126 millions d’emplois dans le privé selon une estimation provisoire à fin septembre de l’Insee
Si l’on met de côté l’année 2020, il faut remonter au troisième trimestre 2018 pour retrouver une situation trimestrielle de recul des effectifs salariés dans l’économie. A l’époque, elle était restée épisodique. Aujourd’hui, le ralentissement du marché du travail va de nouveau de pair avec l’évolution du PIB, qui n’a augmenté que de 0,1 % au troisième trimestre .
Cette corrélation met un terme à deux années post-Covid durant lesquels la croissance de l’emploi a surpassé celle de l’activité, au grand étonnement des économistes, et au détriment de la productivité de l’économie. Après les mois euphoriques de 2021 et 2022, faut-il y déceler l’amorce d’un retournement ou d’une pause en attendant la reprise de l’activité ? Pour l’Insee, il est encore trop tôt pour qualifier la situation.