La crise est presque un mauvais souvenir pour l’emploi dans les associations. C’est le constat que dresse, chiffres de l’Urssaf à l’appui, Recherche & Solidarités, un réseau d’experts et d’universitaires qui étudie toutes les formes de solidarités. Avec 1,74 million de salariés fin juin, « le niveau d’emploi est aujourd’hui supérieur à celui d’avant l’épidémie », indique aux « Echos » son président, Jacques Malet. Supérieur de 31.000 exactement.
Les statistiques trimestrielles dans les 10 % d’associations dotées de salariés, soit 150.000 environ, montrent une évolution parallèle, et même plus favorable, à celles du secteur privé dans son ensemble : grosse chute sur la première partie de 2020, très fort rebond en sortie du premier confinement, rechute en fin d’année dernière, et à nouveau reprise depuis le 1er janvier 2021 avec des hausses de 2 % et 1,3 % aux premier et deuxième trimestres respectivement. « Cette fin de l’année associative positive augure d’un bon démarrage de la suivante », anticipe-t-il.
Pas de fuite
Les mesures de soutien, l’activité partielle notamment, expliquent la résistance du tissu associatif. Un amortisseur complémentaire et spécifique a joué : dans leur très grande majorité, les responsables de ces structures ont eu à coeur de protéger leurs salariés, nombre d’entre eux apportant leur expérience professionnelle passée la cinquantaine. Ceci expliquant cela, la crise du Covid n’a pas provoqué de fuites dans les rangs vers d’autres cieux, comme dans l’hôtellerie-restauration.
Le rétablissement n’en a été que plus rapide. Toutes les régions en ont bénéficié, même s’il a été nettement moins prononcé en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire, et en milieu rural. Par secteurs, les effectifs dans la santé et l’hébergement médico-social, en première ligne, ont évolué plus favorablement tout au long de la crise. D’autres spécialités affichent des rebonds encore plus forts.
Un tableau à relativiser
Couvrant les associations, mais aussi les mutuelles ou les coopératives et 16 branches et secteurs professionnels, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), se montre plus nuancée. L’emploi a globalement résisté, explique son directeur général, Sébastien Darrigrand, mais le tableau mérite d’être relativisé. Il a effectivement progressé dans la santé et le médico-social. Il n’a en revanche pas retrouvé ses niveaux d’avant-crise dans la culture (-15 %) ou le sport et les loisirs (-13 %).
L’un dans l’autre, les difficultés de recrutements sont partagées du fait, notamment, des conditions de travail. « Nos DRH nous disent n’avoir jamais connu autant de tensions dans les recrutements dans un nombre important de secteurs », relate-t-il.