Les effectifs salariés ont fait du quasi-sur-place au troisième trimestre, augmentant de 0,1 %, comme lors du précédent, soit 36.700 postes de plus dans le privé et le public cet été, selon des chiffres définitifs de l’Insee. Quasi-sur-place, mais tout de même bien plus que ce que laissait prévoir l’estimation provisoire publiée début novembre (-17.000 sur le seul champ du privé), affectée par une sous-estimation des retards de déclarations d’entreprises.
A un peu plus de 27 millions de postes fin septembre, l’emploi salarié dépasse de 4,8 % son niveau d’avant la crise sanitaire, fin 2019, soit plus de 1,2 million supplémentaires, dont un tiers en contrats d’alternance, souligne l’institut statistique national.
Ralentissement confirmé
Dans l’industrie, les effectifs (hors intérim) ont augmenté de 0,4 %, gagnant près de 12.000 emplois, soit plus du double que lors du deuxième trimestre. Ceux de la construction ont encore baissé en revanche, de 0,3 %, de 5.500 précisément, après -4.600 emplois sur les trois mois précédents.
Le ralentissement dans le tertiaire marchand est net aussi, sans caler pour autant, les embauches dans le commerce et l’hébergement s’étant montrées plus dynamiques qu’attendu. Le travail temporaire continue de perdre des troupes, tandis que la fonction publique a gagné 6.000 emplois.
Pour le responsable de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l’Insee, Yves Jauneau, la révision à la hausse de l’estimation provisoire ne change rien au constat. Ni reprise, ni rebond, « l’emploi salarié connaît un ralentissement global comme le montrent nos récentes enquêtes de conjoncture sur les prévisions d’embauche », maintient-il.
Inquiétude
Même si Bercy n’a pas tardé à se féliciter que l’on soit passé d’une prévision de destruction d’emplois à une réalité inverse, la publication de ces chiffres intervient au moment où l’inquiétude commence à monter au sein du gouvernement.
Avec la fin des « deux glorieuses » 2021 et 2022 qui ont suivi la sortie de la pandémie, la baisse du chômage s’est enrayée , bien que les entreprises se plaignent toujours de difficultés de recrutement. Pour nombre d’économistes, l’objectif du plein-emploi d’Emmanuel Macron (taux de chômage de 5 % environ de la population active, contre 7,4 % actuellement) paraît compromis, au moins à l’échéance visée de la fin du quinquennat.
« L’économie regagne une partie de la productivité perdue depuis le Covid au moment où l’activité ralentit, avec pour conséquence des destructions d’emplois à venir. Comme la population active reste dynamique, sous l’effet notamment de la réforme des retraites , le taux de chômage va remonter », résumait récemment le directeur du département analyse et prévision de l’OFCE, Eric Heyer, lors des Journées de l’économie.
Ruptures conventionnelles et seniors
Décidée à remettre du carburant dans la machine, Elisabeth Borne a demandé à certains de ses ministres de réfléchir à de nouvelles réformes du marché du travail ou à des ajustements de dispositifs . La Première ministre fera le point avec les intéressés début décembre. L’une des pistes porte sur les ruptures conventionnelles, dont le nombre a augmenté de 77 % entre 2012 et 2022.
L’amélioration de la situation passera aussi par le maintien à leur poste des salariés passé 50, et surtout 60 ans. Le recul de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite augmentera mécaniquement le taux d’emploi dans cette tranche d’âge mais ne changera rien au fait que ceux qui sont au chômage y restent très souvent jusqu’à la retraite via l’Unédic. Ce sera l’enjeu de la négociation qui va s’ouvrir très prochainement entre patronat et syndicats .