Avec près de 1,9 million de salariés fin 2022, très majoritairement des femmes, soit 50.000 de plus en un an, les associations jouent un rôle important sur le marché du travail, souvent ignoré. Leur poids est d’autant plus frappant si l’on rapporte ce chiffre à celui de l’emploi privé total du secteur privé : près de 10 %, soit davantage que la construction ou le transport – représentant 46,5 milliards d’euros de masse salariale.
Le secteur sanitaire et social (santé, hébergement médico-social et action sociale sans hébergement) représente, à lui seul, 56 % des effectifs associatifs salariés, loin devant le sport (5,3 %). C’est ce qui ressort du dernier rapport de Recherche & Solidarités, un réseau d’experts et d’universitaires qui étudie les solidarités et qui sera présenté ce mercredi à Paris lors du Forum national des associations et fondations, la grand-messe du secteur.
Effet apprentissage
Pour le président de Recherche & Solidarités, Jacques Malet, le dynamisme de l’emploi associatif – qui pulvérise le record de 2021 – ne se dément pas après une période de léthargie dans les embauches au moment du Covid. « Les associations développent des projets de plus en plus attendus parce qu’ils sont en lien avec les politiques publiques, la santé par exemple, ce qui suppose des créations de postes », pointe-t-il.
Ce dynamisme transparaît à travers une autre statistique : le nombre d’associations qui emploient au moins un salarié – les autres fonctionnant sur le seul bénévolat – a encore progressé, retrouvant son niveau d’avant-crise sanitaire. On en compte 153.000, soit une sur dix environ, un chiffre en progression de 4,4 % sur un an. A noter que plus d’une sur deux compte moins de trois salariés.
« Si plus d’associations embauchent c’est grâce à l’apprentissage qui représente souvent l’opportunité de créer le premier emploi », avance Jacques Malet. Outre l’avantage en termes d’organisation, le jeune n’étant présent qu’une partie de la semaine, les associations profitent aussi de la prime à l’embauche de 6.000 euros, souligne-t-il.
Le nombre de contrats d’apprentissage signés l’année dernière a certes progressé moins vite qu’en 2021 (+26 % contre + 64 %), mais il a frôlé les 50.000. La barre des 5 % du total des contrats signés, tous employeurs confondus, a été franchie en revanche. La marge de progression semble encore importante, estime Recherche & Solidarités puisqu’en 2022 environ 17 % des associations employeurs ont embauché un alternant, celles du sport faisant la course en tête (23 %).
Tout irait pour le mieux, n’était un sentiment général des associations sur leur situation d’ensemble appelée à se dégrader dans les prochains mois, sans s’effondrer pour autant. En cause, une tendance qui se confirme : le manque de bénévoles et le difficile renouvellement des dirigeants. Mais aussi des inquiétudes sur les finances, du fait de l’inflation notamment. Ce qui n’empêche pas une large majorité d’envisager de nouveaux projets ou une extension de leurs activités actuelles.