Malgré un contexte économique dégradé, en raison de la poursuite de l’épidémie de Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’emploi salarié a continué à augmenter au premier trimestre en France, porté essentiellement par le tertiaire marchand hors intérim. Entre fin décembre 2021 et fin mars 2022, il a progressé de 0,3 %, soit 78.700 postes supplémentaires, selon des statistiques publiées ce jeudi matin par l’Insee, qui confirment en mieux l’estimation provisoire d’il y a un mois .
« Il s’agit de la cinquième hausse trimestrielle consécutive », souligne l’institut national statistique, mais le mouvement marque le pas. La hausse de début 2022 provient majoritairement du secteur privé qui enregistre une progression de 0,3 % (soit +69.500 emplois), après +0,8 % (+167.200 emplois) au trimestre précédent. L’emploi public a augmenté à nouveau modérément : +0,2 % (soit +9.200 emplois) après une légère baisse, de 0,1 % (-8.000 emplois), au trimestre précédent.
L’apprentissage XXL
Au total au premier trimestre 2022, l’emploi salarié dépasse de 2,9 % (soit +750.500 emplois) son niveau d’un an auparavant. Près d’un cinquième de cette hausse s’explique par le dynamisme des contrats en alternance, notamment en apprentissage , selon l’Insee. Le dynamisme est tel depuis la réforme de 2018 qu’il a amené à une révision statistique d’ampleur, l’institut comptabilisant 240.000 emplois supplémentaires de fin 2019 à fin 2021.
Et pour la suite ? A ce stade, l’Insee n’a pas publié de prévision, contrairement à l’Unédic, qui s’est livré à l’exercice en actualisant ses prévisions financières mercredi . Pour l’association paritaire qui gère le régime d’assurance-chômage, la progression de l’emploi va connaître un faux plat d’ici à 2024.
« Bien que les indicateurs issus des enquêtes de conjoncture (…) et les déclarations d’embauche en CDI et CDD de plus d’un mois se stabilisent encore à des niveaux relativement élevés, les hausses d’emplois seraient modestes sur le reste de l’année 2022 en raison d’une activité atone », anticipe sa direction. Celle-ci table sur 79.000 postes supplémentaires en fin d’année 2022, ce qui veut dire quasiment plus d’avril à décembre.
« Il y aura moins de créations nettes (cette année) qu’en 2021 (…) mais les perspectives restent positives », a nuancé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur LCI.
En 2023 et 2024, les créations nettes d’emplois seraient de +52.000 et +80.000 respectivement, « soit des niveaux modestes au regard de la dynamique des créations d’emplois observée entre 2015 et 2019 », toujours selon l’Unédic, qui fait l’hypothèse d’un rattrapage de la productivité de l’économie française. L’organisme paritaire souligne toutefois que les économistes sont très divisés sur le sujet.