L’adhésion est forte : 70 % des Français affirment avoir une bonne image de l’entreprise. Leurs exigences vis-à-vis de cet acteur qui les a épaulés pendant l’épidémie de Covid-19 se sont elles aussi significativement renforcées. C’est ce que montre la troisième vague du Baromètre de la relation entre les Français et l’entreprise, réalisée en novembre par Elabe pour l’Institut de l’entreprise et dévoilée en exclusivité par « Les Echos ». Une mine d’informations pour Pierre-André de Chalendar, président non exécutif de Saint-Gobain, qui a succédé en janvier à Antoine Frérot à la tête de ce think tank et travaille à sa future feuille de route.
« Les Français attendent beaucoup de l’entreprise parce qu’elle a su montrer notamment pendant la crise sanitaire qu’elle pouvait agir de manière efficace, qu’elle était à la hauteur » relève le président du conseil d’administration de Veolia. A l’époque, sa cote avait atteint un pic (78 %). Depuis, la situation s’est normalisée.
« Lieu structurant »
Mais l’entreprise confirme sa légitimité aux yeux des citoyens. Parmi les acteurs capables d’améliorer la société, elle arrive ainsi en troisième position derrière les soignants et les citoyens eux-mêmes. Citée par 58 % des sondés (-5 points), elle devance les acteurs publics quels qu’ils soient : élus (maires, chef de l’Etat …), institutions et partis politiques. « C’est sans doute le principal progrès », estime Antoine Frérot.
Certes, l’entreprise n’échappe pas à la vague de pessimisme qui s’est emparée des Français confrontés à des crises à répétition. La méfiance à son égard progresse de 8 points (44 %). « Une petite déception » avoue-t-il. La défiance envers les autres institutions augmente toutefois davantage.
Par ailleurs, ce sentiment n’empêche pas les Français de la considérer comme un lieu structurant de leur vie, alors que d’autres liens, la famille par exemple, se délitent.
Bien-être au travail
Sur trois sujets importants du moment, les attentes à son égard sont d’ailleurs très fortes . Lorsqu’on leur demande quelle serait leur priorité s’ils dirigeaient une entreprise, ils mettent en avant le bien-être au travail devant « la satisfaction du client » et « le juste partage des profits ». Dans ce domaine, l’entreprise est néanmoins plutôt bien notée : trois quarts des salariés considèrent que leur qualité de vie au travail est bonne, seul un sur trois la qualifie cependant de « très bonne ». Une plus grande flexibilité des horaires permettant un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle est la première demande adressée aux employeurs.
« On n’a pas encore tiré tous les enseignements des changements induits par le Covid dans le rapport au travail. Mais face aux difficultés croissantes de recrutements, les entreprises sont obligées de faire des efforts pour être attractives », observe Pierre-André de Chalendar. La rémunération reste le premier argument quand on choisit un poste, devant l’attention au bien-être des salariés.
Le rapprochement entreprise-école, « chantier prioritaire »
Sur la question du pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français avec le retour de l’inflation , l’entreprise apparaît comme le deuxième acteur pouvant agir, derrière l’Etat, et ce, par le biais du partage de la valeur . Enfin, 67 % des sondés estiment que la protection de l’environnement doit faire partie des priorités des entreprises. Mais sur cette question, elles ne sont pas jugées à la hauteur par 59 % des répondants. Selon eux, les associations, les citoyens eux-mêmes et les collectivités locales font mieux.
« Les entreprises font pourtant beaucoup de choses et sont en avance sur les politiques sur la question climatique », remarque Pierre-André de Chalendar. Les sondés semblent d’accord et notent eux aussi moins bien l’Etat et les partis politiques.
Parmi les autres enseignements du baromètre, on relève la faible compréhension par l’opinion des notions de RSE (responsabilité sociale des entreprises) et de « raison d’être ».
En revanche, le sondage valide le rapprochement de l’école et des entreprises, un sujet porté depuis des années par l’Institut de l’entreprise. La plupart des sondés (84 %) considèrent en effet que l’école ne prépare pas suffisamment au monde professionnel.
« Grâce à ce rapprochement, on offre aux jeunes Français la capacité de comprendre davantage le monde de l’économie et donc de mieux s’insérer dans le monde du travail » plaide Antoine Frérot. Près des deux tiers de sondés y voient d’ailleurs des bénéfices pour les élèves. Un fort encouragement à poursuivre les actions menées dans ce domaine. Un chantier déjà identifié comme « prioritaire » par Pierre-André de Chalendar.