Il va falloir compter de plus en plus avec les travailleurs indépendants dans les années à venir. C’est une population « en croissance », et « désormais une proportion importante de la population active », a souligné ce mercredi Yann-Gaël Amghar, le directeur général de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), qui prélève leurs cotisations sociales. Fin 2019, l’Acoss recensait 3,6 millions d’indépendants, soit 370.000 de plus en un an et 1 million de plus en dix ans. Leur nombre a crû de 3,3 % par an de 2009 à 2019.
Un essor porté par la création du statut d’autoentrepreneur en 2009. La population de ces indépendants assujettis à un régime social et fiscal simplifié a progressé de 18,5 % par an pendant dix ans, et même de 26,5 % en 2019, alors que dans le même temps, la masse des artisans, commerçants ou professions libérales « classiques » régressait de 1,9 % par an (mais +0,5 % en 2019). Résultat, le pays compte désormais 1,7 million d’autoentrepreneurs, presque autant que le 1,9 million d’indépendants classiques.
Bien sûr, ces autoentrepreneurs ne pèsent pas aussi lourd dans la balance financière, parce qu’ils sont soumis dans leurs statuts à un plafond de revenus et parce qu’ils ont souvent une autre activité salariée. C’est le cas pour 21,4 % d’entre eux, contre 6,5 % des travailleurs classiques. En 2019, 540.000 autoentrepreneurs n’ont tout simplement pas déclaré de revenus, même si la part de ces « inactifs » tend à décroître. Par ailleurs, le revenu moyen de ceux qui sont actifs est faible : 6.000 euros par an en 2019, contre 43.000 pour les indépendants classiques.
L’impact de l’épidémie
En 2020, l’épidémie de Covid a durement frappé les indépendants, comme tous les actifs. Mais il y a eu peu de défaillances jusqu’à présent, car l’Acoss a suspendu les prélèvements sociaux . Ainsi, alors qu’elle prévoyait en début d’année d’appeler près de 26 milliards d’euros d’acomptes de cotisations pour l’année en cours, elle s’attend à encaisser un peu plus de 13 milliards d’euros d’ici au 31 décembre.
« On continue à avoir malgré tout une dynamique de création d’entreprise » cette année, indique Yann-Gaël Amghar, qui met en avant le développement des livraisons à domicile, un secteur dans lequel les autoentrepreneurs sont nombreux. De ce fait, les immatriculations seraient quasiment au niveau de 2019 sur les dix premiers mois de l’année.