Pas question de faire un refus d’obstacle. Les hôpitaux publics se montrent déterminés à juguler l’essor de l’intérim médical dès le mois d’avril en dépit des perturbations redoutées dans ces établissements. Ils « sont pleinement et totalement mobilisés pour appliquer la loi Rist », a déclaré mardi le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet. Pour celui qui est aussi maire de Reims, cette régulation est clé pour « la cohésion des équipes », mais aussi « la stabilité de la prise en charge des patients ».
Confronté au développement de l’intérim chez les soignants, le gouvernement a promis d’encadrer la rémunération des intérimaires dès le 3 avril prochain , en appliquant la loi Rist promulguée en 2021.
Réquisitions
En plafonnant les rémunérations offertes – à 1.170 euros pour 24 heures de travail – celle-ci vise à mettre fin à un emballement des tarifs proposés aux intérimaires sur fond de crise du système de santé et de pénuries des soignants.
La loi Rist était censée s’appliquer à l’automne 2021 mais sa mise en oeuvre avait été reportée. A l’époque, la FHF s’était inquiétée de son impact sur l’organisation des soins sur fond de persistance de l’épidémie de Covid et de pénuries de personnel.
Pas question cette fois-ci de reculer, selon la FHF. « Si le gouvernement revenait en arrière, je pense qu’il se décrédibiliserait », a alerté Arnaud Robinet. Celui-ci insiste cependant sur un partage des tâches entre hôpitaux publics et privés, quitte à décider de réquisitions pour « mobiliser les établissements privés ».
Réinjecter les économies
« Les turbulences seront là, elles sont inévitables, espérons juste que le Covid va nous laisser tranquilles », a lâché la déléguée générale de la fédération, Zaynab Riet, évoquant des « fermetures ponctuelles de certains services » et des perturbations dans les services d’urgences, de soins de suite et dans les rangs des anesthésistes.
Pour la FHF, l’important est de réinjecter les économies dégagées en payant moins les intérimaires dans la rémunération des professionnels permanents. « Le surcoût de l’intérim est d’au moins 1,5 milliard d’euros par an et probablement un peu plus autour de 2 milliards », a souligné Arnaud Robinet. Or, « 1 milliard d’euros permet de financer 15.000 postes infirmiers ».
Pérenniser les augmentations
Confronté au manque de professionnels et à la saturation de certains services d’urgences, l’exécutif a décidé au début de l’été de revaloriser les gardes et le travail de nuit. Censées expirer après l’été, les mesures ont été finalement prolongées. La FHF considère qu’il faut « a minima pérenniser » les annonces faites avant de mener un travail plus approfondi, par exemple sur la rémunération des astreintes.
Les syndicats des personnels hospitaliers attendent du gouvernement une amélioration de leurs revenus. « Qui peut croire que, sans augmentation de l’attractivité des carrières médicales hospitalières, on va résoudre le problème de l’hôpital ? » s’interrogeait lundi le syndicat d’anesthésistes-réanimateurs (Snphare). Celui-ci réclame une « revalorisation immédiate et pérenne au 1er avril de la permanence et de la continuité des soins » pour « passer le cap du mois d’avril ».