A l’heure où le gouvernement planche sur le prochain budget de la Sécurité sociale, les hôpitaux publics alertent de nouveau sur leur mauvaise santé financière et réclament une rallonge budgétaire de près de 3 milliards d’euros. « Nous souhaitons tirer le signal d’alarme », explique le président de la Fédération hospitalière française (FHF), Arnaud Robinet.
Depuis des mois, les hôpitaux sont confrontés à une augmentation de leurs dépenses sur fond d’inflation. Dans le même temps, leurs recettes stagnent. Car leur niveau d’activité est toujours inférieur à celui d’avant-crise par manque de soignants qui force les services à tourner au ralenti. Compte tenu de cet « effet ciseaux », le déficit des hôpitaux publics s’est creusé . Il est attendu à 1 milliard d’euros à la fin de 2022.
Dérapage des coûts
Pire, la situation devrait s’aggraver à la fin de 2023, selon la FHF. Le gouvernement a pourtant prolongé un filet de sécurité financier mis en place pendant la crise du Covid (la garantie de financement). A peine le budget 2023 voté, il a aussi augmenté l’enveloppe prévue pour les hôpitaux cette année, notamment pour financer l’augmentation promise aux professionnels travaillant la nuit.
« Ce n’est pas du tout suffisant », note cependant Arnaud Robinet. Car les dépenses ont continué de déraper, selon la FHF. Outre un sous-financement des coûts – hors charges de personnel – liés à l’inflation et estimés à 1 milliard d’euros, les hôpitaux publics rappellent qu’ils doivent assumer le coup de pouce financier accordé par le gouvernement aux fonctionnaires.
Prime pour les bas salaires
Soucieux de soutenir leur pouvoir d’achat grignoté par l’inflation, le gouvernement a acté cet été (et pour la deuxième année consécutive) une augmentation de 1,5 % de la valeur du point qui sert de référence au calcul du traitement des agents (contre + 3,5 % à l’été 2022). Il a aussi annoncé le versement d’une prime pour les plus bas salaires (non reconductible) et une meilleure prise en charge des frais des transports. In fine, ces mesures – « nécessaires » aux yeux de la FHF – représentent un coût de 1 milliard d’euros, selon la fédération.
La facture pourrait encore s’alourdir. Car le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau , a promis de pérenniser les augmentations, d’abord accordées à titre exceptionnel aux soignants pour les encourager à travailler la nuit et faire des gardes . Les syndicats de praticiens espèrent aussi une meilleure rémunération des astreintes et des évolutions de leur grille salariale .
Si ces mesures étaient accordées et appliquées à partir de septembre, il en coûterait 700 millions d’euros en plus aux hôpitaux en 2023, projette la FHF.
Une enveloppe à augmenter de 5 %
Certaines de ces dépenses ne seront plus à l’ordre du jour en 2024, comme les primes annoncées cet été (dont le coût est évalué à 500 millions d’euros). Il n’empêche, la FHF estime qu’il faudra augmenter l’enveloppe des dépenses de santé consacrée au financement des hôpitaux publics et privés (Ondam hospitalier) de près de 5 % (soit de près de 5 milliards d’euros supplémentaires octroyés par le budget 2024).
C’est beaucoup plus que l’inflation attendue à 2,6 % l’an prochain, selon le projet de l’exécutif contenu dans le programme de stabilité. Le gouvernement a beau dire que la santé fait partie de ses priorités, les voeux de la FHF paraissent difficiles à exaucer.