En 2020, dans le cadre du Ségur de la santé, le gouvernement a promis 13 milliards d’euros aux hôpitaux pour qu’ils se désendettent, plus 6 milliards de crédits d’investissement. La Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente le secteur public, avait applaudi cette initiative. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue vendredi, elle a aussi fait passer le message que ces efforts seront réduits à néant sans rallonge budgétaire pour faire face aux dépenses imprévues de cette année.
Tout d’abord, la FHF, par l’intermédiaire de son président Frédéric Valletoux, a relativisé les bienfaits d’un dispositif qui s’étend sur plusieurs années, mais ponctuel. Les 13 milliards du plan de désendettement vont permettre de relancer le taux d’investissement à 5,5 % des produits sur les dix prochaines années, versus un étiage de 4,4 % avant la crise du Covid, selon la fédération.
Or elle considère que pour rester à niveau, il faudrait atteindre 7 %, soit 6 milliards par an – contre 3 à 4 milliards au plus bas. Difficulté supplémentaire, l’inflation et la pénurie de matières premières font grimper les coûts de construction au moment où les hôpitaux ouvrent des chantiers tous en même temps.
Point d’indice et inflation
Alors que les arbitrages budgétaires de l’été se préparent, la fédération formule donc sa liste de voeux. Il faudra rehausser l’objectif de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) à hauteur d’environ 2 milliards dès 2022, et de 4 à 5 milliards pour 2023, a affirmé la responsable financière, Cécile Chevance.
La revalorisation de 3,5 % du point de la fonction publique , qui vient juste d’être annoncée, va en effet coûter 2 milliards d’euros aux hôpitaux en année pleine, soit un milliard pour la période de juillet à décembre 2022. A cela s’ajouteront au moins 750 millions de dépenses imprévues dues à la forte inflation cette année pour les seuls hôpitaux publics – 1 milliard en incluant le secteur privé.
D’autant plus qu’on ne sait pas jusqu’où va monter la septième vague de Covid, qui se traduit déjà par un regain d’hospitalisations, voire la huitième à l’automne. Le comité d’alerte de l’Ondam signalait dans son avis de la fin mai que la provision budgétaire Covid de 4,9 milliards (principalement pour les soins de ville) pourrait être dépassée de 3,9 à 5,4 milliards cette année.
Une nouvelle rallonge en 2023
La FHF compte sur la prolongation de la garantie de financement des dépenses liées à la crise sanitaire jusqu’à la fin de l’année. Elle souhaite aussi une nouvelle programmation pluriannuelle de ses tarifs. Le calendrier fixé en 2019 arrive à échéance cette année – d’ailleurs, la tornade financière du Covid l’a vidé de sa substance.
Pour 2023, la dernière loi de financement de la Sécurité sociale prévoit une hausse de 2,4 % de l’Ondam, après 2,7 % en 2022 hors Covid et hors revalorisations du Ségur de la santé. Ça ne suffira pas, met en garde la FHF. L’effort supplémentaire de revalorisation du point de la fonction publique (0,5 point d’Ondam), l’inflation, les éventuelles mesures financières de long terme prises à la suite de la crise des urgences , et l’effet année pleine des mesures du Ségur de la santé nécessiteront selon elle une rallonge pour 2023 au moins équivalente à celle de 2022.