C’est une expression que les experts du budget utilisent souvent pour figurer la difficulté de leur tâche, quand il s’agit de contenir les déficits tant bien que mal : « faire rentrer l’édredon dans la valise ». Avec le coup de frein sur la croissance et donc sur les recettes fiscales, la valise s’annonce plus étriquée que prévue. Surtout l’édredon devrait être bien volumineux, au vu des nombreuses dépenses induites d’une façon ou d’une autre par l’inflation . Revue de détails de quelques dossiers qui vont peser sur les comptes publics pour la suite de 2022 et pour le futur budget 2023 .
· Un futur paquet pouvoir d’achat
Le fameux « plan de résilience » dévoilé en mars devrait être bientôt musclé. Mercredi dernier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a redit que le gouvernement travaillait sur un projet de loi « pouvoir d’achat », sans en dire plus. De quoi faire grossir de quelques milliards d’euros la facture des mesures prises par l’exécutif pour amortir le choc de la flambée des prix, estimée à au moins 26 milliards pour le moment . Un dispositif centré sur les gros rouleurs doit prendre le relais en juillet de la ristourne de 15 centimes par litre accordée depuis le 1er avril, dont le coût sur trois mois est estimé à 3 milliards. « Il pourra aussi y avoir des aides spécifiques à certaines filières économiques, si c’est nécessaire », ajoute une source proche du dossier.
Emmanuel Macron avait aussi évoqué la création d’un chèque alimentaire – qui est en réalité sur la table depuis 18 mois – mais sa faisabilité technique continue de susciter des doutes au sein de la majorité. Au-delà de ces dispositifs ciblés, l’exécutif va également devoir dégager des moyens pour financer des mesures plus générales de pouvoir d’achat. La revalorisation anticipée des pensions de retraite s par rapport à l’inflation devrait ainsi coûter 3 milliards, alors qu’il faudra également une enveloppe pour les prestations sociales . L’exécutif va également mettre quelques milliards pour le coup de pouce au point d’indice des fonctionnaires.
· Premières tensions sur la charge de la dette
Les effets de l’inflation ne se font pas seulement sentir sur les portefeuilles des automobilistes. Le coût de la dette publique en fait également les frais, une partie de la charge d’intérêts payée par l’Etat (un peu plus de 10 %) étant indexée sur la variation des prix. Cela avait déjà contribué à renchérir cette charge à 38,2 milliards en 2021 , alors que le gouvernement tablait sur 36,8 milliards. Le chiffre devrait encore grimper cette année.
Fin mars, le coût sur les trois premiers mois pour l’Etat a fortement augmenté par rapport à la même période de 2021, notamment du fait des effets de l’inflation selon une source gouvernementale. Il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives, mais la tendance devra être suivie. « Une hausse de 1 % de l’inflation peut renchérir la charge de la dette de plus de 2 milliards », a calculé François Ecalle, le responsable du site spécialisé Fipeco.
Le discours de la Banque centrale européenne (BCE) d’ici à l’été sera également guetté avec attention, alors que partout dans le monde les banques centrales commencent à remonter les taux d’intérêt pour contrer l’inflation. « Les effets d’une éventuelle hausse des taux pour sur la charge de la dette française ne seront pas immédiats, compte tenu de la maturité de la dette », tempère toutefois François Ecalle.